Dès le départ, Plantika a dû faire face à plusieurs défis, notamment l’apparition de la pandémie de COVID-19 peu après son lancement, et la guerre de 2021 à Gaza, qui a causé de graves dommages, notamment à sa collection de plantes ornementales rares. Pourtant, Lobna et son équipe ont persévéré. Ils ont non seulement réussi à pérenniser le projet, mais aussi à en élargir la vision, jetant les bases d’innovations encore plus ambitieuses et éco-responsables.

Comme le rappelle Lobna :

« Juste avant la guerre, nous nous préparions à étendre nos activités en collaborant avec des talents issus de divers domaines, afin de concrétiser nos idées innovantes et écologiques. Nous travaillions au lancement de notre premier échantillon commercialisable, suite au succès du prototype du premier système de mur végétal vivant de Gaza, équipé de mécanismes d’auto-arrosage et de fertilisation, ainsi que d’un éclairage adapté aux espaces intérieurs. Le design devait également être intégré à des aquariums d’ornement et à des plantes aquatiques, en partenariat avec un expert local rare en aquascaping. Nous développions également un nouveau système de coupelles d’irrigation en collaboration avec un atelier de poterie, parmi de nombreux autres concepts durables et créatifs. »

Au-delà de la production, Plantika a joué un rôle actif dans la sensibilisation à l’environnement et le renforcement du lien entre les populations et la nature, en organisant des ateliers pédagogiques dans les écoles et les communautés locales. Lobna préparait également le lancement d’une initiative communautaire intitulée « Yalla Nezra’ Saḥ » (Plantons bien), visant à former les agriculteurs à la production d’intrants agricoles naturels et biologiques à faible coût, en utilisant des méthodes simples et des ressources locales facilement disponibles.

Mais la guerre à Gaza depuis octobre 2023 a été plus qu’un obstacle ; elle est devenue une épreuve difficile et implacable. Au cours des deux dernières années, la pépinière agricole de Plantika a été complètement détruite. Certains membres de l’équipe ont perdu la vie ; d’autres ont été déplacés, sans abri et contraints de survivre au quotidien sous les bombardements et la dévastation constants.

Lobna elle-même reste à Gaza, confrontée aux dures réalités de la guerre avec sa jeune fille, seule après que son mari, atteint d’un lymphome, a été évacué médicalement vers les Émirats arabes unis en novembre 2023 pour y recevoir des soins vitaux. « Nous avons enduré des déplacements répétés, des conditions de vie insupportables sous des tentes et la peur omniprésente qui accompagnait chaque raid aérien, jour et nuit, sans répit. Nous avons été témoins de la destruction de notre maison, de la perte d’êtres chers et du désespoir gravé sur les visages de ceux qui nous entouraient. Même la faim faisait partie de notre quotidien », raconte-t-elle.

Pourtant, malgré les circonstances désespérées, Lobna reste convaincue que « chaque fin porte en elle la graine d’un nouveau départ ». Elle est déterminée à reconstruire Plantika, non seulement comme une entreprise, mais aussi comme un rêve et une vision profondément ancrés dans l’espoir. Bien que le projet soit actuellement en suspens, il est profondément ancré dans son cœur.

Lobna estime que pérenniser une entreprise axée sur l’environnement n’est plus envisageable dans un contexte de guerre, d’instabilité et de violence. Elle cherche aujourd’hui à s’installer avec sa famille en Irlande, un pays qu’elle considère comme idéal pour relancer Plantika, grâce aux initiatives gouvernementales favorables, à un climat social accueillant et, surtout, à la possibilité de retrouver son mari après près de deux ans de séparation douloureuse. Son état nécessite toujours des soins médicaux continus, une tâche devenue impossible à Gaza, où le système de santé s’est complètement effondré.

Sa vision est de reconstruire Plantika en une marque forte et durable, ancrée à Galway, qui se développera dans toute l’Irlande et, à terme, touchera le marché européen. Elle espère également établir des partenariats stratégiques dans certains pays du Golfe Arabique, élargissant ainsi l’impact environnemental et social du projet à de nouvelles régions. Lobna est convaincue de pouvoir introduire des solutions agricoles innovantes qui n’étaient pas envisageables à Gaza en raison du blocus, des ressources limitées et de la fragilité de la culture du développement durable.

Elle est également convaincue que ses stratégies marketing créatives pourraient prospérer sur les marchés européens, lui permettant ainsi de concrétiser pleinement le potentiel de Plantika. Pour l’instant, cependant, elle reste coincée à Gaza, cherchant désespérément une issue, un processus rendu de plus en plus difficile par le blocus israélien.

Pourtant, elle reste déterminée à échapper au cycle incessant de la guerre dans lequel elle et sa fille sont prises. Elle rêve de retrouver son mari en Irlande et de relancer Plantika dans un espace où la guérison et l’innovation peuvent véritablement s’épanouir. Malgré la dure réalité à laquelle elle est confrontée chaque jour, elle persiste :

« Plantika n’est pas qu’un souvenir, c’est un avenir qui attend d’être réalisé. »

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