03 Mai 2018
Mitzpe Ramon, Israël
Tourisme durable

Le Makhtesh Ramon dans le sud d’Israël est le plus grand cratère de la planète, un vestige de l’époque où cette partie du monde était recouverte par l’océan. Mesurant 500 mètres de profondeur et 40 kilomètres de long, le Makhtesh est unique au Néguev en Israël et au désert du Sinaï en Égypte. Le paysage aux allures d’un autre monde est parsemé de rochers et de collines sablonneuses rappelant la surface de la lune. À quelques pas de ce magnifique cratère se trouve un éco-camp appelé le Desert Shade, où des gens du monde entier viennent séjourner pour profiter d’un désert silencieux, austère mais vivant.

Quand on s’approche de l’éco-camp Desert Shade, on a l’impression que ses constructions appartiennent au désert, qu’elles sont nées du paysage sablonneux et rocheux. Il y a la Stone Gallery (la galerie de pierres), avec d’immenses fenêtres donnant sur le cratère, où les gens se mêlent, se mélangent et sirotent leur café du matin. Puis, dispersées dans le camp, il y a des éco-tentes fabriquées à partir de produits recyclés et de boue. Ces tentes spéciales régulent naturellement la température du climat rude et désertique, en restant fraîches en été et chaudes en hiver.

Comment le Desert Shade a vu le jour :

Le Desert Shade est une idée de Ziv Spector, qui a fondé le camp en 1989. Auparavant, il avait travaillé pour la Société pour la protection de la nature en Israël, ainsi que pour des entreprises dans le solaire. Puis il a répondu à l’appel du désert.

« Le désert est un endroit où il faut être », dit Ziv Spector. « Dans le monde occidental, nous n’avons pas beaucoup d’endroits où l’on peut juste être, avec le silence, le lever et le coucher du soleil. C’est important pour tout le monde. Beaucoup de destinations de vacances tournent autour du panorama, où l’on s’assoit dans sa chambre climatisée en regardant dehors. Les gens doivent sentir le soleil, le vent, autrement, ils s’éloignent de la nature ».

La nature a toujours été importante pour Ziv Spector, qui a grandi dans une ferme au nord d’Israël. Enfant, il jouait dans les champs et s’occupait des plantes. Adolescent, il a commencé à faire des voyages dans le désert, ce qui a nourri sa passion pour cette région sombre mais magnifique dans le sud du pays.

« Vous pouvez voir loin d’ici », dit-il. « Dans le désert, il n’y a pas d’arbres pour bloquer votre vue, donc vous avez toujours l’avenir qui s’étale là, devant vous ».

Renouer avec le passé de la région :

Il y a beaucoup à faire lors de la visite de ce campement désertique, de la randonnée aux promenades à vélo, en passant par la découverte de l’histoire de la région. Plusieurs récits rapportés dans les textes religieux anciens ont eu lieu dans cette partie du monde, et l’on peut lire les lignes de la Bible avec ce paysage en toile de fond.

« Quand on parle de l’Exode du peuple d’Israël quittant l’Égypte, quand on évoque les histoires de la Route des épices, tout s’est passé ici », dit Ziv Spector. « Lorsque vous emmenez des gens dans le désert, vous pouvez recourir à la Bible non pas comme un livre religieux, mais comme un livre de psychologie. Tout ceci vous apprend énormément sur le comportement à adopter dans le désert ».

Ceux qui veulent interagir avec les habitants locaux peuvent également rencontrer des membres de la communauté bédouine.

« Les Bédouins ont conservé leurs traditions – ils élèvent encore des chèvres et des chameaux, et ceci est en partie ouvert au tourisme », dit Ziv Spector. « Vous pouvez lire dans la Bible des choses qui ont encore cours dans cette communauté. La façon dont ils font cuire leur pain n’a pas changé depuis 3000 ans ».

L’effet du Desert Shade sur ses résidents :

Petra Wagner vient d’Allemagne ; elle était venue pour la première fois au Desert Shade en 1997, dans une caravane de camping-cars voyageant à travers Israël et la Jordanie, et depuis, elle est revenue presque chaque année pour profiter de la tranquillité du désert.

« Mes expériences [ici] ont toujours été incroyables », dit-elle. « J’ai un travail très stressant, mais dans le désert, je peux récupérer en contemplant le panorama unique du cratère Makhtesh Ramon, ou en faisant des randonnées à pied ou du vélo le long du bord du cratère. J’aime aussi faire de la peinture près du cratère, ramasser des pierres et m’autoriser à ressentir l’énergie créatrice du lieu ».

Petra Wagner reste souvent au Desert Shade pendant un mois entier avec son fils et dit que c’est un endroit idéal pour retrouver la sérénité et se sentir rajeunir.

« Ici, on se rend compte que seules les choses les plus simples sont importantes », dit-elle. « De la bonne nourriture. De l’eau douce. Le silence du désert dans la nuit, les milliers de couleurs dans le cratère. Ziv est un excellent expert de la région, et vous pouvez apprendre des choses sur un vignoble écologique, les arts locaux ou les rapports avec les Bédouins ».

Le développement du Desert Shade et ses projets pour l’avenir :

De plus en plus de gens dans le monde entier trouvent que ça vaut la peine de prendre le temps de couper le rythme stressant de leur vie en ville pour profiter de la paix du Desert Shade. Les billets d’avion bon marché viennent s’ajouter à cela pour générer plus de tourisme en destination de l’éco-camp. Ziv Spector explique que parfois, les billets entre l’Europe et Israël ne coûtent que 40 à 50 euros l’aller-retour, ce qui permet aux gens de venir pour une courte escapade en weekend.

« C’est impressionnant, quand on est ici le soir, assis autour du feu, regardant les étoiles, nous sommes les seuls à parler hébreu », dit Ziv Spector. « Tout le monde parle des langues du monde entier ».

Il souhaite inciter encore plus de gens à fréquenter son campement du désert en installant un système de ‘vitrage’, pour ceux qui veulent un peu plus de confort et de glamour. Il veut aussi créer des tentes accessibles aux personnes handicapées.

« Quand les gens viennent ici, ils apprécient encore plus la nature », dit Ziv Spector. « Vous n’avez pas à penser à la préserver, mais à l’apprécier. Quand on apprécie une personne, on veut qu’elle ait un bel avenir, et il en va de même pour la nature ».

 

Pour suivre le Desert Shade, consultez son site Web ou sa page Facebook.

Photos : Avec l’autorisation du Desert Shade.

Kristin Hanes est une journaliste passionnée par l'environnement, la durabilité et la science. Elle adore raconter les histoires des gens qui font une réelle différence dans le monde.Kristin Hanes
Le tourisme durable trouve refuge dans le désert escarpé d’Israël | The Switchers
Traduction Lilia Bacha.
Desert Shade Tourisme durable