Construire une ville faite pour les vélos :
Comme le montre cette série de photographies, ce n’est pas que les gens à Beyrouth ne font pas de vélo : ils en font ; mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit quand on parle de mobilité à vélo.
Selon Zeina Hawa, il existe de nombreux groupes qui louent des vélos et qui organisent des randonnées à vélo, mais la plupart de ces activités sont axées sur les loisirs et sur le cyclisme sportif. La mobilité à vélo consiste à modifier la perception du public, à considérer le vélo non seulement comme une activité ludique, mais aussi comme un moyen viable et efficace pour se déplacer dans la ville.
L’un des facteurs responsables du non recours au vélo est l’infrastructure. Zeina Hawa reconnaît volontiers que la ville de Beyrouth est loin d’être parfaite et elle comprend très bien les gens qui trouvent que les rues ne sont ni sûres ni équipées pour les cyclistes. Une grande partie de la reconstruction des routes après la guerre est adaptée aux voitures et présente de grandes artères très fréquentées qui divisent la ville en secteurs.
Toutefois, pour Zeina Hawa, Beyrouth reste potentiellement idéale pour le cyclisme. « La structure de la ville et sa taille font qu’elle a [la capacité] d’être une bonne ville pour le vélo. Elle est compacte, très dense, et les anciennes structures du quartier sont toujours là ».
La prochaine étape consiste à créer l’infrastructure nécessaire à la circulation des vélos à Beyrouth, permettant à ses usagers de traverser la ville en toute confiance. « Si vous avez l’habitude de circuler en voiture, ça peut être difficile de le faire en utilisant un autre moyen de transport », admet Zeina Hawa.
Pour faciliter cet aménagement, The Chain Effect est en train de créer une carte des vélos de Beyrouth. La carte indiquera les meilleurs points de passage pour les cyclistes, les passages souterrains disponibles pour les piétons et les vélos, et les itinéraires qui comportent des parcelles moins accidentées. Zeina Hawa et l’équipe sont actuellement en phase de collecte des données et prévoient de créer une version imprimée de la carte, ainsi qu’une version numérique qui pourrait servir sur Google Maps.
Une carte cyclable de Beyrouth serait également un moyen pour les gens de mieux connaître leur ville. Prenons par exemple l’une des découvertes cyclistes préférées de Zeina Hawa : un petit tunnel qui passe sous une grande autoroute dans le sud de Beyrouth. Le tunnel permet aux cyclistes et aux piétons d’avoir accès à un quartier riche en histoire et en patrimoine qui renforce l’esprit communautaire.
« Le vélo a toujours été pour moi un moyen de redécouvrir ces nouveaux quartiers et de briser les stéréotypes que les gens ont à propos de certains quartiers de la ville », dit Zeina Hawa. « J’habite en banlieue, mais j’utilise mon vélo pour me déplacer à Beyrouth. Si j’avais dû circuler en ville en voiture tous les jours, je serais devenue folle. Le vélo est un moyen pour moi d’aimer de nouveau Beyrouth et de vivre ici ».