Syrine Chaalala était spécialisée dans les interventions d’urgence et travaillait avec les Nations Unies à Madagascar quand une idée lui est venue. À l’époque, elle répondait à une crise humanitaire : des criquets avaient envahi le pays, anéantissant les récoltes et créant la famine. La seule solution était d’utiliser des pesticides pour se débarrasser des criquets – chose qui, à son tour, rendait les cultures encore moins comestibles. Syrine a alors commencé à réfléchir aux insectes et à leurs avantages, notamment leur haute teneur en protéines et le fait qu’ils soient l’une des ressources les moins exploitées de la planète.
« Au début, mon mari et moi avons commencé à réfléchir à des façons de nourrir les gens avec des insectes, mais nous nous sommes rendu compte qu’il n’y a pas encore de marché pour cela. C’est une [petite] niche ; les gens peuvent servir des grillons lors d’une fête pour s’amuser, mais ils ne sont pas encore prêts à manger des insectes à grande échelle », dit Syrine. « En revanche, [les insectes] seraient beaucoup plus acceptés comme aliment pour animaux ».
Une idée germe ainsi chez Syrine et son mari, Mohamed Gastli, qui était ingénieur. Ils décident de trouver un moyen de nourrir le bétail avec des insectes. En plus, cela leur permettrait de créer une entreprise où ils passeraient plus de temps ensemble : avec l’ONU, Syrine voyageait souvent, tandis que son mari vivait à Paris et travaillant comme ingénieur et producteur de musique.
« Nous voulions trouver quelque chose qui combine nos deux passions, et qui nous permette de vivre sur le même continent, dans le même pays », explique Syrine.
Ainsi, comme pour toute bonne startup, le couple a commencé à faire des expériences dans leur garage en Tunisie sous une tente Ikea, et nextProtein est né en 2014
Comment nextProtein fait de la nourriture à partir d’insectes :
Ce n’est pas facile de produire en masse des aliments pour animaux à partir d’insectes. Syrine et Mohamed font des recherches et des expériences avant de se décider pour la mouche soldat noire, qui fournit un rendement élevé avec un cycle reproductif court. Le couple découvre qu’il est possible de nourrir les mouches avec des déchets organiques.
« Un tiers de la nourriture humaine finit dans les décharges », explique Syrine. « Pour nous, il était donc important de choisir un insecte qui n’enlèverait pas de la nourriture humaine, mais un insecte qui nous permettrait de réutiliser le produit gaspillé et de le réintégrer dans le cycle alimentaire ».
Les insectes sont élevés sous la forme de larves, puis transformés en deux produits princiupaux : nextProtein, une protéine en poudre, et nextOil, une huile après extraction. Il y a également un troisième produit nextGrow, un engrais naturel.