14 Nov 2019
Gizeh, Égypte
Aliments et agriculture durables

Fondée en mai 2018, la société de lombricompostage Union for Agricultural Development (UAD) a connu un essor fulgurant, rappelant les grandes heures du cinéma égyptien. Dans les années 60, des personnages joués par Omar Sharif et Soad Hosny parvenaient à s’extraire de leurs humbles origines pour devenir célèbres du jour au lendemain. De nos jours, l’UAD revendique sa propre trajectoire rêvée. Les produits d’engrais organiques de l’entreprise ont déjà attiré une liste impressionnante de clients et lui ont gagné l’adhésion à IFOAM, la principale organisation internationale pour l’agriculture durable.

UAD suit un modèle d’affaires simple et efficace qui consiste à utiliser des vers de terre pour convertir les déchets organiques en biofertilisants propres et sans danger. Selon Ahmed Salem, directeur général de l’UAD, l’Égypte bénéficie d’un double avantage grâce à ce procédé: elle recycle les restes de nourriture et réduit l’accumulation non hygiénique des déchets organiques. « Le lombricompostage est un moyen efficace de maintenir nos ressources de façon durable et de nous protéger contre les maladies causées par ces déchets », explique M. Salem.

L’UAD démontre qu’il peut également être rentable de relever d’urgents défis sociaux. L’Égypte est confrontée à un énorme problème de gestion des déchets organiques. Une étude réalisée en 2017 a révélé que chaque Égyptien produit en moyenne 73 kilogrammes de déchets alimentaires par an. Cette constatation place l’Égypte au 16e rang des 25 pays identifiés comme étant les plus gros gaspilleurs de nourriture. L’UAD s’attaque littéralement à cet obstacle, avec des milliers de vers de terre qui créent de l’engrais à partir de restes de nourriture.

Ce succès commercial est né d’un marché encourageant pour les engrais organiques. L’UAD travaille déjà pour une ferme d’arachides tentaculaire de 7 000 acres. Selon M. Salem, ce client a fait état de récoltes saines et d’une amélioration de la production depuis qu’il est passé aux produits biologiques de l’UAD. M. Salem ajoute que l’UAD demeure consciente des résultats financiers de sa clientèle, plutôt que d’accroître la seule durabilité. « Nous faisons de notre mieux pour attirer les clients en produisant de l’engrais organique à un très bon prix, » dit-il.

Tous les clients ne sont pas aussi ouverts aux nouvelles idées, ce qui pose des défis pour l’expansion des activités de l’UAD. Salem affirme que de nombreux agriculteurs égyptiens utilisent des engrais chimiques depuis des décennies et qu’ils peuvent être sceptiques à l’idée de passer à l’agriculture biologique. « Certains n’adhèrent pas à la notion d’une agriculture moderne et sûre, » remarque-t-il.

Quoi qu’il en soit, les affaires sont en plein essor. L’entreprise est déjà autosuffisante et prévoit demander des prêts pour financer sa croissance future. L’UAD envisage également des options d’exportation vers les marchés internationaux.

L’engrais organique ne fera peut-être jamais partie de la légende cinématographique égyptienne. Mais Salem et ses collègues jouent un rôle vital – bien que méconnu – pour assurer l’avenir de l’Égypte.

 

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Photos avec l’aimable autorisation de l’Union pour le développement agricole

Depuis qu'il a terminé sa maîtrise en études du Moyen-Orient il y a deux ans, David travaille comme journaliste indépendant au Caire et à Beyrouth.David Wood
UAD Aliments biologiques et agriculture