Cette année, la société libanaise de gestion des déchets Compost Baladi aide une usine de transformation de saumons à réaliser la chose dont rêverait n’importe quel comptable : faire d’un problème un atout. L’usine génère des montagnes de déchets alimentaires qui contiennent de précieux nutriments ; alors Marc Aoun a suggéré de convertir les déchets d’hier en nourriture pour poissons de demain. « Notre plan est de récupérer les matières nutritives avant qu’elles ne retournent dans la nature», explique-t-il.
La conservation astucieuse des ressources naturelles est devenue cruciale au Liban, un pays encore sous le choc d’une longue crise des ordures qui a fait la une des journaux du monde entier. En 2015, le gouvernement avait fermé un énorme site d’enfouissement sans fournir un plan de secours efficace. Les ordures non ramassées avaient commencé à s’empiler dans les rues presque immédiatement, tandis que le brûlage à ciel ouvert des déchets avait augmenté de 330% avant la fin de l’année.
L’incinération non réglementée des déchets augmente les niveaux de gaz à effet de serre en émettant du carbone, tandis que d’autres polluants atmosphériques provenant des déchets causent des maladies pulmonaires et cardiaques. Un rapport de Human Rights Watch de 2017 avait spécifiquement dénoncé l’impact de l’incinération des ordures sur la santé de la communauté vivant au Liban.
Depuis le début de 2017, Compost Baladi offre des services de conseil sur la gestion des déchets à un large éventail de la société libanaise, allant des propriétaires individuels aux conseils municipaux et aux entreprises privées, grandes et petites. Compost Baladi adapte ses solutions aux circonstances spécifiques de chaque client, en adhérant à ce que Marc Aoun décrit comme une approche « low tech, low cost et locale ». Cela signifie que le client doit être en mesure de comprendre, d’exploiter et de se payer son nouveau système d’élimination des déchets, pour s’assurer que le processus se maintienne au fil du temps.
Selon Marc Aoun, de plus en plus de citoyens locaux contactent Compost Baladi parce qu’ils sont effrayés par la récente débâcle des ordures et qu’ils espèrent un avenir plus durable et moins « odorant ». Bien que cela soit de bon augure pour Compost Baladi – l’entreprise est déjà sur la voie de la rentabilité cette année – Marc Aoun prévient que certaines habitudes peuvent encore menacer sa progression. « Bien que nous nous attendions à ce que le secteur se développe, compte tenu de l’histoire de ce pays, il y a toujours une chance que [l’intérêt] plafonne après que la crise des ordures se soit calmée ».