Fonctionnement de FabricAID :
Quand les gens n’ont plus besoin de leurs vêtements, ils les donnent souvent à des ONG. FabricAID achète ces vêtements usagés, parfois jusqu’à 1000 kilos par jour. Par ailleurs, l’entreprise a également placé des bacs de collecte dans tout le pays.
Les vêtements sont ensuite acheminés vers un entrepôt centralisé où huit employés trient, nettoient et catégorisent les vêtements en fonction de leur qualité.
« Les vêtements dénudés, généralement peu prisés par les communautés marginalisées habituellement conservatrices, vont dans une école de mode à Beyrouth, où les étudiants redessinent ces vêtements, qui sont ensuite envoyés dans un camp de réfugiés pour être cousus par des couturières », explique Omar Itani. « Nous employons six réfugiées syriennes. Ces vêtements sont ensuite revendus dans des magasins haut de gamme et des expositions de mode ».
Le reste des vêtements est distribué aux commerces et aux boutiques pop-up installés dans tout le Liban, où les gens peuvent acheter des vêtements usagés à un prix moyen de 0,9 $. La plupart des prix se situent entre 0,03 $ et 2 $ par article, ce qui les rend abordables pour tous.
« Il s’agit de faire du vrai shopping, ce n’est pas de la charité », dit Omar Itani. « Une personne entre, remplit un sac d’articles, puis va payer. C’est digne ».
La plupart des boutiques pop-up proposent 5000 articles, et certaines d’entre elles en proposent jusqu’à 20 000.
Tout ce recyclage est une aubaine pour le Liban, qui connaît une crise des déchets. Il est particulièrement urgent de recycler les textiles, qui sont jetés à un rythme alarmant. Dans le documentaire The True Cost, il est indiqué que le monde consomme aujourd’hui environ 80 milliards de nouveaux vêtements chaque année.
Livia Firth, directrice de la création d’Eco-Age, déclare dans le documentaire The True Cost Project : « Un vêtement d’une marque de mode à consommer dure généralement 5 semaines dans une garde-robe féminine. Chaque année, un milliard et demi de vêtements sont cousus par environ 40 millions de personnes, travaillant dans 250 000 usines à travers le monde. Ces produits sont principalement fabriqués dans des pays décrits par l’ONU comme étant les moins développés du monde. Globalement, la valeur de l’industrie du vêtement et du textile est estimée à quelque 3000 milliards de dollars. Et l’essentiel de cette somme va dans les poches des actionnaires de ces marques de mode à consommer ».
La création d’un entrepreneur :
À seulement 22 ans, Omar Itani n’est pas un entrepreneur ordinaire. Né et élevé à Beyrouth, il se souvient d’avoir toujours eu l’esprit d’entreprise.
Quand il avait 16 ans, il a participé à un programme appelé Injaz, qui apprend aux jeunes Libanais comment devenir entrepreneurs.
« Nous avions créé notre propre entreprise, et ce que nous avions fait, c’était récupérer les déchets à Beyrouth, les apporter à notre école, les trier et les revendre », se souvient-il. « Nous étions comme une entreprise de gestion des déchets et nous avions une énorme équipe de 40 étudiants. J’étais vice-président des relations publiques ».
Omar Itani a ensuite étudié l’ingénierie industrielle pendant quatre ans, mais il a interrompu ses études au cours de sa dernière année pour se consacrer entièrement à FabricAID – une mission qui, selon lui, peut s’avérer difficile par moments.
« Nous avons pu nous développer rapidement et nous avons maintenant 15 employés », dit-il. « Ce n’est pas de tout repos. [Il faut] gérer leurs salaires, leurs activités quotidiennes, réduire leur temps mort, améliorer leur efficacité. C’est l’une des tâches les plus difficiles en tant qu’entrepreneur. On dédie beaucoup de temps à la gestion du personnel et à essayer d’améliorer l’efficacité ».