Lors d’un voyage en Inde, Adital Ela découvre dans les échoppes de vendeurs de thé chaï une tradition qui va profondément la marquer : celle de jeter sa tasse par terre après avoir bu le thé. Ces tasses en terre cuite, très fines, se brisent sur le sol et disparaissent dans la nature. La terre redevient terre, sans laisser la moindre trace.

Pour cette pionnière de l’ecodesign en Israël, cet épisode est une véritable révélation. Diplômée de la Design Academy Eindhoven, elle défend depuis de nombreuses années le concept d’un design durable dans son agence SustainableSense by Design et dans les cours de design qu’elle dispense à l’université Holon Institute of Technology.

Après de nombreuses recherches, elle découvre qu’il existe une longue tradition dans les pays du Moyen-Orient de fabriquer des maisons à partir de matériaux naturels. Sa propre grand-mère, originaire d’Irak, fabriquait à son époque des fours en terre cuite. Elle puise dans cet héritage l’idée du projet Criaterra, une ligne d’objets et de matériaux créés à base de terre et de fibres naturelles.

Trois années de R&D ont été nécessaires pour mettre au point la technologie Criaterra. Elle l’exploite d’abord à travers une ligne de mobilier présentée au Salon du design de Milan en 2013. Design, écolos, robustes, ces petits meubles – une fois leur durée de vie accomplie – peuvent être jetés ou transformés sans aucun impact sur l’environnement. De la terre à la terre, comme s’ils n’avaient jamais existé.

Aujourd’hui, Criaterra développe des solutions, matériaux et technologies éco-innovantes pour le secteur de la construction – un secteur dominé par l’usage de ciments Portland, responsables d’approximativement 6 % des émissions de gaz à effet de serre sur notre planète. Criaterra offre une véritable alternative en développant des matériaux composites structurels à la fois très solides et respectueux de l’environnement.

Constitués de terre, de fibres naturelles et de minéraux – dont 70% proviennent des déchets produits par les secteurs de la construction et de l’agriculture –, ces matériaux composites respectent les normes strictes du Cradle to cradle : zéro pollution, 100% réutilisable. Un procédé éco-innovant qui ouvre de nouvelles perspectives dans le secteur de la construction durable.