17 Sep 2018
Ramallah, Palestine
Produits de nettoyage et cosmétiques biologiques

Palovina, une ligne palestinienne de soins de la peau et de produits de beauté créée par Elham Zaben, ne fait rien à moitié. Fondée en 2012, Palovina n’utilise que des ingrédients naturels – un engagement impressionnant dans une industrie inondée de produits améliorés artificiellement. Elham fait valoir que cette approche profite à la fois à l’acheteur – qui reçoit un meilleur produit – et à l’environnement qui souffre de produits chimiques dangereux couramment utilisés comme le dioxyde de titane.

Palovina s’est assuré une clientèle fidèle en Palestine, mais Elham a de grands projets pour les prochaines étapes de l’entreprise. Celle-ci a breveté sa formule secrète pour un savon liquide 100% naturel, qui pourrait ouvrir des marchés lucratifs à l’étranger. Palovina s’est également forgé une réputation dans le Japon lointain, où la rumeur se répand que les produits Palovina sont une vraie affaire. Elham et son personnel de spécialistes peuvent-ils répondre à ces grandes attentes ?

 

Il y a six ans, Elham Zaben – qui habitait le village palestinien de Mazari al-Nubani situé à environ une heure en voiture de Ramallah – se trouve face à un dilemme. Les palestiniens ont toujours fabriqué des savons Castille à base d’huile, mais le marché local du soin de la peau est soudainement envahi par des produits de moindre qualité et améliorés chimiquement. « En 2012, j’ai commencé à fabriquer des produits naturels de soin de la peau », raconte Elham. « Nous n’en avions pas en Palestine, pourtant nous avions déjà l’huile d’olive »

Cette année-là, Elham fonde Palovina, une entreprise qui offre une gamme diversifiée d’articles naturels de soin de la peau et de cosmétiques. Depuis sa création, Palovina a gagné des parts de marché, tout en respectant l’environnement. Les emballages de l’entreprise proviennent de matériaux recyclés et ses produits ne contiennent pas de produits chimiques nocifs.

L’utilisation généralisée d’additifs artificiels a mis l’industrie cosmétique mondiale sous haute surveillance ces dernières années. Par exemple, le Programme des Nations Unies pour l’environnement a publié un rapport qui soulève des préoccupations au sujet des microplastiques. Présentes dans de nombreux cosmétiques, ces minuscules particules de plastique sont une source de pollution dès qu’elles se retrouvent dans les eaux usées. Les produits chimiques sont également susceptibles d’être nocifs pour l’homme. Les parabènes (agents de conservation utilisés en cosmétique) ont été associés à des maladies comme le cancer du sein, tandis que les agents moussants courants peuvent endommager les yeux et même la peau.

L’entreprise de Elham relève ces deux défis sociaux. « Palovina n’utilise que des ingrédients naturels, c’est donc un ami de l’environnement et un ami du corps humain », dit-elle.

Créer la formule maîtresse :

N’ayant suivi aucune formation pharmaceutique formelle, Elham a commencé il y a neuf ans à expérimenter des recettes de produits pour purifier la peau. À l’époque, rapporte-t-elle, l’industrie des soins naturels de la peau en Palestine en était à un stade très primitif. « Je me souviens être allée dans une université locale pour en savoir plus sur la question, mais je n’ai pas pu obtenir de bons renseignements ».

Pour cette raison, Elham décide de faire cavalier seul. Elle met au point sa propre formule pour divers savons et nettoyants à base d’ingrédients entièrement naturels, puis teste ces prototypes dans un laboratoire professionnel. Les résultats ont été bons, donnant à Elham la base de sa nouvelle entreprise, Palovina. Au fil du temps, l’offre de l’entreprise s’est étendue des nettoyants pour la peau aux produits de beauté et aux remèdes contre l’acné, les démangeaisons et la perte de cheveux.

Les activités de Palovina ont débuté dans une petite usine à Mazari al-Nubani, où Elham et son équipe produisent encore aujourd’hui des produits de soin de la peau. Aujourd’hui, le centre des opérations de Palovina s’est déplacé vers le centre régional de Ramallah, où l’on peut avoir accès à la gamme de l’entreprise et faire ses achats au comptoir. Selon Elham, Palovina dispose actuellement d’une clientèle de 4 000 à 5 000 personnes.

Certains clients ont donné à Elham des raisons particulières d’être optimiste quant à l’expansion internationale des activités de Palovina. Les villes de Tokyo et Ramallah ne viennent pas toujours à l’esprit en tandem, mais Palovina a cultivé un public dévoué parmi les employés de l’ambassade du Japon. À la suite du bon retrour des diplomates, Elham s’est tournée vers l’Extrême-Orient. « Mes clients japonais me demandent : pourquoi vous ne commercialisez pas Palovina au Japon ? Alors j’explore les opportunités d’affaires là-bas », explique-t-elle.

Palovina a un autre atout dans sa pochette commerciale – un brevet déposé pour une formule de savon liquide entièrement naturel, dont Elham revendique l’exclusivité. La jeune femme prévoit d’exploiter ce secret commercial en développant une gamme de clients sur les marchés américains et européens très lucratifs.

 

Le futur sera féminin :

Bien que Elham souligne que Palovina est une entreprise commercialement durable, le modèle d’affaires s’articule également autour de l’impact positif sur la communauté locale. En plus de ses engagements écologiques, Palovina emploie volontairement des femmes de la région. À l’heure actuelle, quatre employées sur cinq sont des femmes, soutenant Elham dans la production et la conception.

« Une fois diplômées de l’université, il peut être très difficile pour les femmes de trouver du travail en Palestine », dit Elham. Les employés de Palovina sont titulaires d’un diplôme d’études supérieures dans des domaines allant de l’administration des affaires à la conception graphique en passant par le marketing. Ces femmes reçoivent maintenant une source de revenu stable, sans parler de la possibilité d’utiliser leurs talents personnels.

L’insistance de Palovina à utiliser des ingrédients naturels peut la désavantager par rapport à des entreprises moins regardantes qui sont entrées sur le marché des soins de la peau biologiques sans maintenir les mêmes normes. « Certaines entreprises fabriquent des ‘produits naturels’, mais ceux-ci ne sont pas 100 % naturels », explique Elham. « Il est difficile de concurrencer ces marques, surtout les produits importés d’outre-mer ».

Malgré cela, Elham a son brevet, sa clientèle grandissante et son désir de faire connaître Palovina au monde entier. Les habitants de Mazari al-Nubani, pour commencer, hésiteraient à douter de la capacité de Elham à mener Palovina de succès en succès.

 

Pour en savoir plus sur Palovina consultez sa page Facebook.

Photos : Avec la permission de Palovina.

Depuis qu'il a obtenu sa maîtrise en études du Moyen-Orient l'année dernière, il travaille comme journaliste pigiste à Accra au Ghana et au Caire en Égypte.David Wood
Un détour par Tokyo : Les marchés japonais et les brevets lucratifs viennent à l’industrie des soins naturels de la peau en Palestine | The Switchers
Traduction : Lilia Bacha
Palovina Produits de nettoyage & cosmétiques biologiques