Le Dr. Roy Abijaoude et son équipe de Lebanese Developers sont tombés par inadvertance sur les problèmes causés par ces filets rejetés. L’ONG organisait des sessions de formation professionnelle dans tout le pays depuis 2006, et au début de 2017, elle avait élargi son champ d’action pour former des femmes du nord du Liban à la production et à la réparation de filets de pêche.
« Nous avons vite compris que chaque fois qu’il y avait un problème, les pêcheurs jetaient le vieux filet dans l’eau ou sur le rivage », explique M. Abijaoude à propos de leur moment de réalisation. Il se souvient avoir vu de vieux filets échoués et enroulés dans le sable du rivage. « C’est à ce moment que nous avons dit que nous devions faire quelque chose pour régler ce problème ».
Après avoir recherché des projets similaires en Europe et en Méditerranée, Abijaoude a été encouragé à postuler pour l’initiative Beyond Plastic Med (BeMed). Des promoteurs libanais ont été sélectionnés parmi les onze groupes qui ont reçu un financement pour leur projet, qui collecte et recycle les filets de pêche jetés sur les côtes du nord du Liban – et empêche les pêcheurs de les jeter de manière inappropriée.
Sensibilisation des pêcheurs libanais :
Abijaoude est un réaliste : pour qu’un projet comme le leur soit durable, il a compris qu’il fallait obtenir l’adhésion des pêcheurs eux-mêmes.
Des études suggèrent que les pêcheurs du Liban et du reste du bassin méditerranéen sont conscients des défis posés par les déchets marins. Un rapport de 2015 du Programme des Nations unies pour l’environnement a révélé que 71 % des pêcheurs de la région pensaient que les filets fantômes représentaient un problème grave, mais qu’ils étaient souvent moins conscients des conséquences exactes et des moyens de les réduire lorsqu’ils vaquaient à leurs occupations quotidiennes.
L’une des recommandations de l’étude du PNUE était que davantage de campagnes de sensibilisation et de gestion des déchets devaient être menées au niveau local. C’est là qu’un groupe comme Lebanese Developers peut intervenir.
L’ONG a lancé une série de sessions de sensibilisation avec les pêcheurs locaux, où ils révèlent les dégâts causés par les filets rejetés sur le rivage et en mer. « Nous leur expliquons comment le poisson peut se prendre dans les filets abandonnés, et comment les poissons peuvent manger les filets et le plastique – puis vous nourrissez votre famille avec ce même poisson », explique M. Abijaoude.
Ils se sont également associés à une coopérative de pêcheurs pour mettre en place un espace où les pêcheurs peuvent se débarrasser de leurs vieux filets, sachant qu’ils seront collectés pour être recyclés, plutôt que de finir comme déchets marins. Ces points de collecte peuvent jouer un rôle clé dans la prévention en première ligne, car si les filets sont souvent jetés, c’est surtout parce qu’il s’agit d’une solution plus simple. La tâche des promoteurs libanais est de faire en sorte qu’il soit plus facile de recycler que de polluer.