« En contrôlant la température pendant le processus de pyrolyse [lorsque les déchets sont brûlés], nous obtenons un bon charbon de bois adapté au sol marocain – nous ne pouvons pas importer un produit comme celui-ci », explique-t-il.
Le biocharbon devient une solution de plus en plus populaire dans le monde entier. L’International Biochar Initiative estime que le marché connaîtra une croissance de 14,5% jusqu’en 2025. Selon l’initiative, le besoin accru d’amélioration organique des sols, les règles gouvernementales sur la préservation des sols, le secteur croissant des biocarburants et d’autres facteurs contribueront à cette croissance.
Le compostage n’est pas une option :
La valorisation des déchets organiques sous forme de compost n’est pas accessible pour les agriculteurs d’Agadir. Les techniques agricoles sont à blâmer : comme les plants de tomates poussent de plus en plus haut dans les serres, les agriculteurs attachent les vignes à des bâtonnets en plastique à l’aide d’attaches en plastique. « Après cela, on ne peut plus séparer le plastique de la plante, alors il est difficile de faire du compost », explique Hassan El Hemer. « Il y a aussi des bactéries dans la plante qui causent un gros problème lors du compostage ».
Pour transformer ces déchets organiques et plastiques en quelque chose d’utilisable, Hassan El Hemer a inventé un broyeur mécanique qui déchiquette les déchets de serre. « C’est rapide, et le travail se fait en une journée », explique-t-il, ajoutant que les frais qu’il impose aux agriculteurs sont inférieurs au coût du nettoyage de la serre et du brûlage de ce qui reste. Une fois déchiquetés, les déchets sont acheminés vers un site non loin du domicile de Hassan El Hemer ; là, ils sont chauffés et transformés en biocharbon.
L’introduction du biocharbon sur le marché :
Jusqu’à la conclusion du partenariat PEPS, Hassan El Hemer admet qu’il n’en est qu’au début de son parcours entrepreneurial. Il collecte actuellement les déchets de deux petits agriculteurs, et a déjà été en pourparlers avec des acteurs agricoles plus importants, ceux qui ont plus de 200 hectares (deux kilomètres carrés) de serres. Avec une responsabilité sociale, des missions environnementales et le désir constant de réduire le coût de l’élimination de la biomasse, Hassan El Hemer dit que les grandes entreprises sont les clients idéaux.
La production d’engrais à base de biocharbon dépendra aussi de la fabrication d’un plus grand nombre de déchiqueteuses mécaniques et de la construction d’un four écologique où le biocharbon peut être carbonisé. Il s’intéresse particulièrement à la construction d’un four qui collecterait la fumée utilisée dans le processus de pyrolyse des déchets. Ce faisant, Hassan El Hemer affirme que la fumée pourrait être réutilisée dans la chambre de combustion, recyclant ainsi les émissions nécessaires à la création du biocharbon. Hassan El Hemer s’attend à ce que le four soit construit d’ici la fin de l’année, période autour de laquelle il prévoit également d’enregistrer officiellement l’entreprise en tant que start-up.
Un partenariat à venir pourrait être un moyen d’améliorer cette technique : Hassan El Hemer a été en pourparlers avec PEPS, une entreprise franco-marocaine basée à Marrakech qui utilise l’énergie solaire pour alimenter le procédé de pyrolyse. En utilisant le soleil pour chauffer la chambre du réacteur à 600°, le procédé de PEPS est entièrement égologique et peut transformer la biomasse en biocharbon à un taux beaucoup plus élevé.
« Hassan El Hemer connaît très bien le système de pyrolyse artisanale, et il sait tout sur le produit fini et le marché local », explique Hamza El Baroudi, PDG de PEPS. « Il a une vision intéressante du potentiel du marché d’Agadir, et nous voulons en apprendre plus de lui. En retour, nous viendrons avec la technologie pour transformer la plus grande quantité de déchets possible – jusqu’à 800 tonnes par an ».
Tout comme il a fait la promotion de ses briquettes de charbon vert et de biocharbon lors de la COP22, Hassan El Hemer est en train pousser son engrais biocharbon. Avec peu de concurrence sur le marché, une forte demande et des partenariats prometteurs à l’horizon, Hassan El Hemer dit qu’il pense que 2018 sera sa meilleure année à ce jour.
Site Web : www.biochar.ma
Facebook : www.facebook.com/BioChar.Maroc
Photos : Avec la permission de Biochar Maroc.