Aya Tager est à l’origine d’AyaKaya, une entreprise qui crée des produits fonctionnels récupérés à partir de déchets. À travers ses ateliers, cette dessinatrice industrielle installée en Israël incite d’autres personnes à en faire de même.
Pour Aya Tager, l’instant où l’on réalise qu’un objet commence à prendre forme est magique. C’est ainsi qu’elle parle des ateliers pratiques de conception durable qu’elle encadre, où les participants transforment un matériau qu’ils pensaient inutile – emballages en carton, bouteilles en plastique ou de vieux meubles, par exemple – en quelque chose qui gagne un nouvel usage, et qui a de la valeur et du cachet.
Aya Tager est à l’origine d’AyaKaya, une entreprise qui crée des produits fonctionnels récupérés à partir de déchets. À travers ses ateliers, cette dessinatrice industrielle installée en Israël incite d’autres personnes à en faire de même.
C’est à Amsterdam, et non pas en Israël, qu’Aya Tager entend parler du concept de la durabilité pour la première fois. De retour en Israël en 1994, elle s’inscrit en design industriel à l’Institut de technologie de Holon et fréquente avec assiduité tous les cours se rapportant de loin ou de près à la durabilité.
En tant qu’étudiante, elle se souvient d’avoir visité des usines dans un kibboutz. Lors d’une excursion, les étudiants avaient assisté au fonctionnement d’une ligne de production de fûts pour le transport de déchets dangereux. On leur a ensuite donné pour mission de dessiner et de fabriquer un produit à partir d’un fût. Aya Tager avait alors eu une idée, et c’est ainsi qu’elle s’était retrouvée à acquérir les tonneaux qui avaient été mis au rebut pour malfaçon.
Grâce à la touche AyaKaya, ces fûts se sont vus transformés en paniers à linge, coffres à jouets et tabourets colorés. Le premier de ces objets a été dessiné en 1996, et Aya Tager l’utilise encore chez elle aujourd’hui : une création intemporelle faite à partir de quelque chose qui était, à l’origine, considéré comme un déchet. Aya Tager avait compris qu’elle tenait là quelque chose.
Des ateliers qui changent la perception des gens sur les déchets :
C’est là tout le concept d’AyaKaya : rassembler les gens autour de la création de beaux objets faits-main et recyclés.
Prenez le carton : c’est un matériau qui la fascine et qui stimule ses compétences de designer. On associe habituellement les termes ‘carton’, ‘emballage’ et ‘déchets’ ; mais les ateliers d’AyaKaya incitent les gens à penser autrement. Les participants sont invités à récupérer et à apporter leurs propres martiaux : des panneaux de carton ondulé à doubles cannelures, comme ceux utilisés dans les boîtes d’expédition.
« Quand je dis aux participants qu’à la fin de l’atelier, ils repartiront avec un tabouret sur lequel je peux me tenir debout, ils me regardent et disent : ‘bien, rien n’est moins sûr’ », dit Aya Tager en riant. « Ils sont sceptiques, mais quand ils voient que le produit final peut supporter mon poids en plus d’être très léger, ils sont époustouflés ».
Les objets conçus dans les ateliers d’AyaKaya ne sont pas uniquement dictés par Aya Tager. Ce n’est pas seulement la création qui intéresse cette dernière, mais également le renouvellement. Prenez une vieille chaise qui a été transmise dans la famille, mais qui a été jugée inutilisable pour une raison ou une autre ; en trois séances d’atelier, celle-ci réussira à vous aider à la remettre au goût du jour.
« Nous commençons par discuter de l’endroit où vous avez l’intention d’utiliser ce meuble, du style que vous souhaitez lui donner et des matériaux à employer. Je suis une grande adepte des couleurs et de la peinture à base d’eau qui contient moins d’agents polluants et vous fait respirer moins de produits chimiques [que la peinture ordinaire] », explique Aya Tager. En ressuscitant de vieux meubles, AyaKaya leur épargne de finir dans une décharge et permet aux participants aux ateliers de créer quelque chose avec leurs mains.
Aya Tager décrit l’excitation que l’on ressent en créant quelque chose de nouveau : « C’est [un objet] unique qui n’existe nulle part ailleurs dans le monde », dit-elle. « Vous pouvez être fier de le montrer aux autres et dire : ‘c’est moi qui l’ai fait’ »
Aya Tager a également dessiné des prototypes d’articles destinés à une production en série, notamment des ensembles durables pour piquenique ainsi que des cache-pots fabriqués à partir de chutes de bois. Celle-ci cherche en ce moment des fabricants et des sociétés qui seraient intéressés de développer ces idées.
Bien que d’autres engagements occupent l’agenda d’Aya Tager, celle-ci propose couramment ses ateliers à des enfants en maternelle ou à des parents avec leurs enfants. Elle a également été récemment sollicitée pour animer un cours de 10 séances pour les adultes sur le design et la durabilité, chose qu’elle fera probablement dans les années à venir.
Des produits non seulement écologiques, mais aussi bien conçus :
Dès qu’il s’agit d’ancrer le recours au design durable chez les consommateurs, Aya Tager et les autres designers pensent que la commercialisation d’un produit sous l’étiquette ‘respectueux de l’environnement’ n’est pas – et ne devrait pas – suffire à l’acheter.
« Nous devons inciter les gens à faire les bons choix grâce à une haute qualité de conception, et proposer des solutions qui soient attrayantes et qui répondent aux besoins et espérances [des gens] », affirme Adital Ela, une designer écologique Israélienne et fondatrice de Criaterra Earth Technologies. « Il s’agit de proposer une solution globale qui serait pratique, bonne et qui permettrait de faire des choix, tout en ayant l’avantage d’être durable ».
Adital Ela explique que le marché est en passe d’entrer dans un nouveau stade de conscience en matière de durabilité, et que l’on s’éloigne des produits individuels au profit d’initiatives qui modifient des systèmes entiers. « La durabilité concerne des visions à grande échelle qui sont en mesure de changer le système de l’intérieur, et le recyclage peut absolument faire partie de cela », dit Adital Ela. Elle est convaincue qu’Israël est prêt pour le changement. Comme Aya Tager, c’est une ancienne élève de l’Institut de technologie de Holon ; aujourd’hui, elle y forme les futurs designers dans la filière d’études de design social et environnemental en tant que professeur de design durable .
Peut-être que le nombre croissant des étudiants en design durable aidera à surmonter un obstacle de taille auquel Aya Tager fait encore face aujourd’hui en Israël : les gens qui craignent de voir le mode de vie écologique presser le bouton retour en arrière en matière de progrès.
« Les gens diront : ‘oh, vous les écologistes, vous voulez nous faire revenir au lavage à la main’. C’est absolument faux. Pour chaque situation, il s’agit d’en intégrer les différents aspects, et c’est là que le design entre en jeu » dit Aya Tager. « Il s’agit d’imaginer une meilleure façon de faire les choses, et de montrer aux gens que ce qui est plus approprié pour l’environnement peut également être plus intéressant pour eux financièrement ».
C’est pour cette raison que le design et la durabilité sont des valeurs essentielles chez AyaKaya, en plus de l’importance de créer un produit ‘vert’. Aya Tager espère qu’une conception de belle qualité aidera l’entreprise à surmonter un autre défi : convaincre les gens de la pertinence de payer pour des produits qui sont faits-main à partir de carton ou d’autres matériaux ‘de faible valeur’.
« Nous nous sommes habitués à consommer d’une certaine façon », dit Aya Tager. « Si [l’article] n’est pas disponible dans les rayons, les gens n’y pensent pas, et je ne les en blâme pas. Ce n’est pas leur travail de penser à ces produits, c’est le mien ».
En créant de beaux articles ménagers, fonctionnels et recyclés, et en animant des ateliers de sorte à ce que les gens puissent estimer la quantité de travail qu’il faut pour les concevoir, Aya Tager fait partie d’une communauté croissante en Israël qui allie l’écologie et le design.
Pour en savoir plus sur Aya Tager et AyaKaya, consultez son site Web et sa page Facebook.
Photos : Avec la permission d’AyaKaya.