14 Août 2017
Sahara occidental,
Constructions durables

Dans les camps de réfugiés sahraouis situés au fin fond du sud sec du désert algérien, les températures peuvent atteindre jusqu’à 50°C. Trouver un abri dans cette chaleur omniprésente est une tâche difficile, et on ne peut pas espérer trouver un refuge frais dans une maison traditionnelle en terre. Non seulement les maisons en terre sont inefficaces pour se protéger des températures torrides, mais elles sont souvent détruites par de fortes pluies et tempêtes, laissant leurs occupants dehors.  

Depuis quatre décennies, les camps de réfugiés du Sahara occidental sont un lieu d’exil pour des milliers de personnes déplacées. C’est là que Tateh Lehbib, un jeun ingénieur né et élevé dans le camp, a eu l’idée de construire des maisons moins chères, plus solides et plus écologiques. Pour créer ses structures, il recycle des matériaux facilement disponibles dans le camp : des bouteilles en plastique, qu’il remplit ensuite de sable. Il a appelé son initiative Ecosahara.

« La vie dans le camp peut être extrêmement difficile, mais j’étais déterminé faire des études », dit Tateh. « J’ai obtenu une bourse pour étudier l’ingénierie du développement durable à l’Université de Las Palmas de Gran Canaria. Mon projet de recherche visait à trouver un moyen pratique d’abriter les réfugiés que j’ai laissés chez moi ».

Tateh a prouvé que la nécessité est la mère de toute invention. Son idée est née en 2015 lorsque sa grand-mère a perdu sa maison dans une inondation. Cette même pluie torrentielle a détruit les maisons et les vivres d’environ 25000 personnes dans le camp. « Je ne voulais plus que ma grand-mère souffre de la chaleur », dit Tateh. « Je voulais lui offrir un abri solide dans une région où la température peut atteindre les 50 degrés Celsius ».

Prendre les choses en main :

Au début, Tateh ne savait pas du tout si sa solution originale de briques en plastique allait fonctionner. De retour au camp, l’ingénieur motivé marche sur deux kilomètres pour ramasser les bouteilles de plastique gaspillées qu’il transforme en briques. Ces bouteilles remplies de sable sont ensuite empilées les unes sur les autres pour construire des murs solides pour une maison. Contrairement aux maisons en terre, la structure en plastique qui en résulte résiste même aux conditions climatiques les plus extrêmes. Très vite, il transforme le sable infini du désert en maisons durables, les premières de ce genre que le camp voyait.

Les matériaux utilisés dans les maisons de Tateh sont peu coûteux et facilement disponibles dans le camp de réfugiés. La construction d’une maison coûte environ 1000 €, dit-il.

Tateh explique que construire des maisons entièrement faites de bouteilles d’eau est en effet une idée osée – mais il pense que cela peut fonctionner. « Le plastique est presque quatre fois plus résistant que la boue et isole la maison deux fois mieux, et étant faite de plastique, la maison est naturellement imperméable », explique Tateh. Une fois la structure de base en place, elle est recouverte de ciment et peinte en blanc pour abaisser la température de l’air ambiant. Sa forme ronde lui permet de mieux éviter les rayons du soleil et de prévenir l’accumulation de sable lors des tempêtes.

De nouveaux logements pour tous les résidents du camp :

La solution de Tateh a le potentiel d’avoir un impact sur bien plus que sa grand-mère, et il y a un besoin pour une solution alternative de logement à travers le camp. « Pendant la saison des vents, nous fuyons les maisons [en terre] de peur que les tôles de zinc que nous utilisons comme plafonds ne s’effondrent », dit Fatima Albahlul, une autre réfugiée au camp. Quand il pleut, l’eau s’accumule autour des maisons et finit par les détruire.

Ce sont des réfugiés comme Fatima que Tateh veut aussi aider. Il envisage un programme de construction de masse dans le camp et aspire à créer un village entier de maisons en bouteilles de plastique. Cette idée était si peu conventionnelle que les gens du village avaient commencé à l’appeler « le fou des bouteilles en plastique ».

Noms mis à part, Tateh change lentement de surnom. Grâce au soutien qu’il a reçu du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), il a déjà construit 25 maisons pour d’autres réfugiés. A l’avenir, il veut continuer à réutiliser les déchets plastiques pour construire des maisons pour le plus grand nombre possible des 165 000 autres réfugiés.

Avec beaucoup d’ambition et d’optimisme, de nombreux réfugiés sahraouis ont pu accéder à un niveau de vie adéquat. Tateh travaille lentement pour persuader ses camarades réfugiés qu’ensemble, ils peuvent apporter des changements positifs, pour eux-mêmes et pour l’environnement.

 

Facebook : https://web.facebook.com/lehbib.tatah

Photos : Avec la permission de Ecosahara

Oumeima est écrivaine et traductrice le jour, blogueuse la nuit. Actuellement, elle aide les entrepreneurs verts et sociaux à trouver leur voix et à raconter leur histoire.Oumeima Boughanmi
L’histoire d’un jeune réfugié qui construit des maisons en bouteilles en plastique | The Switchers
Traduction : Lilia Bacha
Ecosahara Logments et constructions durables