03 Avr 2018
Ra’anana, Israël
Mobilier durable

En Israël, le bois provenant de chantiers de construction finit le plus souvent dans les décharges, ni traitement ni recyclage n’ayant été prévus pour ce dernier. Chaque année, des milliers de tonnes de bois sont jetées : palettes, caisses et poutres. Une entreprise a décidé de capitaliser sur ces déchets, en les valorisant et en les réutilisant pour créer de belles choses.

Le penchant de Ben Yavnieli pour le recyclage remonte à son enfance, à Ra’ananna en Israël. Il a toujours été fasciné par la transformation des produits, et il avait converti la cuisine familiale en atelier pour trouver des moyens de réutiliser toutes sortes d’objets. Il pensait beaucoup aussi à la préservation de l’eau ainsi qu’à la façon dont les usines recyclaient leurs sous-produits.

C’est donc tout naturellement que Ben Yavnieli a choisi de faire une maîtrise en Ressources naturelles et Gestion de l’environnement à l’Université de Haïfa, et qu’il a immédiatement commencé à travailler dans une entreprise qui recycle les ordinateurs après cela. Il est resté cinq ans dans cette entreprise, mais il désirait faire un travail qualifié comme ‘vert’.

« C’est à cette époque-là que j’avais commencé à penser aux jardinières, aux toits verts, à la conception, [et] au travail en collectivité », dit Ben Yavnieli. « Je pense vraiment que nous devrions renouer avec le travail que nous accomplissons avec nos mains, dans le genre des compétences de nos sociétés d’il y a 100 ans. Ce n’était pas de la haute technologie, ce n’était pas la Silicon Valley. Je voulais créer quelque chose qui aurait un impact social ».

Ben Yavnieli avait travaillé dans la construction quand il était plus jeune pendant une période de six mois, et il savait pour tout le bois qui était envoyé dans les sites d’enfouissement. En effet, les débris issus des projets de construction devraient doubler d’ici 2025 pour atteindre 2,2 milliards de tonnes.

Il a donc fondé Eden Social Wood Recycling pour redonner vie au bois mis au rebut et renouer avec une communauté de travailleurs manuels.

Les créations à partir de l’artisanat du bois :

Quand Ben Yavnieli a commencé avec Eden en 2014, il allait dans les usines de traitement des déchets et demandait les déchets en bois, mais il a remarqué qu’une grande partie du bois était impropre au recyclage, parce qu’il avait été mélangé à d’autres déchets, avait subi un traitement chimique ou était inutilisable.

Celui-ci s’est alors adressé directement aux entreprises de construction, élaborant des accords pour récolter le bois inutilisé sur les sites de ces entreprises.

« De temps en temps, je tombe sur un grand projet et je sais qu’il serait une bonne source [de bois usagé] », explique-t-il. « Je prends donc contact avec l’entreprise de construction ou le responsable sur le terrain, et je me trouve en général face à des gens heureux de me procurer du bois et fiers de faire partie de cette action. Parfois, je leur donne un cadeau à la fin ».

Ben Yavnieli et son équipe transforment ce bois en de beaux meubles d’extérieur colorés, en récupérant tout ce qu’ils trouvent dans les jardinières, les bancs, les clôtures, les tables de pique-nique et les tableaux d’affichage.

« Transformer ce bois en meubles n’est pas un processus facile, et ça coûte cher », note Ben Yavnieli. « Nous devons ôter les clous et raboter le bois pour obtenir une surface propre. Il faut trois jours pour créer un mètre cube de produits récupérés, ce qui constitue de 10 à 20 meubles ».

Jusqu’à présent, Ben Yavnieli a recyclé plus de 200 mètres cubes de bois par an, les transformant en 2000 meubles. Il vend certains de ces meubles aux établissements scolaires locaux, qui s’en servent pour décorer leurs espaces extérieurs, et afin que les enfants puissent s’y asseoir et faire leurs devoirs, ou comme jardinières pour y cultiver des légumes.

« Je pense que tout le monde aime la nature, mais ce n’est pas exactement ça qui me motive », dit Ben Yavnieli. « Ce qui me motive, c’est l’efficacité des ressources et la possibilité d’utiliser les déchets pour changer les choses. C’est un pont qui relie de nombreux secteurs : les entreprises de construction, la collectivité et les charpentiers. Je suis ravi de faire quelque chose qui relie tant de gens ».

Ce qu’Eden Social Wood Recycling espère accomplir :

Jusqu’à présent, Eden a obtenu la plus grande partie de son financement grâce à la vente de produits et à des prêts accordés par des entreprises. Ben Yavnieli n’a pas de grands sponsors ou mentors derrière son projet, mais il a coopéré avec de grandes entreprises et avec beaucoup de municipalités.

Il a également attiré l’attention de l’architecte Noam Austerlitz, fondateur et PDG du Sustainable Innovative Design Center (SID) en Israël. Le SID cherche des technologies nouvelles ou intéressantes et essaie de combler le fossé entre les créateurs de la technologie et les personnes qui ont besoin de cette technologie.

« Nous avons travaillé en étroite collaboration avec Eden Social Wood Recycling pour aider à la conception et pour imaginer des moyens de faire progresser le produit », dit Noam Austerlitz. « Beaucoup de chantiers de construction en Israël utilisent des moules ou des pièces coulées dans du bois ; et ce bois est plein d’huile et de matériaux toxiques et vous ne pouvez plus le jeter n’importe comment. Lorsque ce bois arrive dans les sites d’enfouissement des déchets, une grande partie n’est pas gérée correctement. Il finit alors dans les champs ou sur les plages, et les gens le brûlent et libèrent des produits chimiques toxiques dans l’air ».

Noam Austerlitz explique qu’il y a encore beaucoup de travail à faire en Israël pour éliminer correctement ce bois, et il espère qu’Eden pourra adapter sa production et améliorer la qualité de ses meubles.

« Pour l’instant, il s’agit d’une petite équipe de menuisiers travaillant le bois », dit Noam Austerlitz. « La prochaine étape consistera à mettre au point des machines capables de transformer le bois et de fabriquer du bois reconstitué ; là, on pourra prendre un ensemble de petits morceaux de bois et les transformer en poutres. L’étape suivante consistera à fabriquer des meubles très bien conçus. Nous voulons faire des meubles haut de gamme qui pourront être vendus à un meilleur prix ».

Ben Yavnieli est d’accord avec Noam Austerlitz et travaille en partenariat avec diverses municipalités en Israël pour coopérer sur des projets et créer des franchises. Il s’efforce également de recueillir des fonds grâce au financement participatif, et a déjà vendu des produits dans 22 villes.

« Je projette de vendre une grande quantité de produits », dit Ben Yavnieli. « Je veux aussi aller sur le marché palestinien et fournir des meubles aux écoles et aux maisons. Cela aidera à rapprocher les gens, et je vois en cela une opportunité économique et un impact social à la fois. Beaucoup de personnes de divers horizons apprécient ces produits : des juifs aux musulmans, en passant par les orthodoxes ».

Eden fait partie des initiatives vertes incubées par SwitchMed, et emploie actuellement sept personnes avec l’espoir de se développer bientôt.

« J’ai voulu faire quelque chose que l’on peut voir, toucher et sur lequel on peut travailler, à la sueur de son front », dit Ben Yavnieli. « Je n’ai pas peur de mettre la main à la poubelle. Vous ne devriez pas avoir peur des déchets ou de vous salir : vous devriez voir le potentiel des choses que l’on dit sales. Nous devons chacun lutter un peu pour survivre tous ».

 

 

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Photos : Avec l’autorisation de Eden Social Wood Recycling.

 

Kristin Hanes est une journaliste passionnée par l'environnement, la durabilité et la science. Elle adore raconter les histoires des gens qui font une réelle différence dans le monde.Kristin Hanes
Une initiative israélienne qui récupère le bois usagé et lui donne une nouvelle vie | The Switchers
Traduction : Lilia Bacha
Eden Social Wood Recycling Efficacité des ressources et traitement durable des déchets