15 Oct 2018
Amman, Jordanie
Produits de nettoyage et cosmétiques biologiques

Le ‘nettoyage à sec’ figure sur la liste des choses à faire chez de nombreux Jordaniens, mais ces derniers sont probablement loin de se douter que le perchloréthylène (perc) – solvant courant de nettoyage à sec – constitue un danger sérieux pour la santé et l’environnement. C’est là qu’intervient WashyWash, une startup locale qui lave les vêtements selon des techniques écologiques développées à l’étranger. Cette alternative au nettoyage à sec traditionnel apaise la conscience environnementale tout en assurant un nettoyage de haute qualité.

WashyWash a connu un démarrage fulgurant en attirant plus de 5000 clients au cours de ses huit premiers mois d’exploitation. Le modèle d’affaires permet aux utilisateurs de commander des services de blanchisserie durables au moyen d’une application mobile ; cette nouvelle offre commerciale a attiré clients et investisseurs. Aujourd’hui, les propriétaires veulent étendre la clientèle de WashyWash au-delà des ménages à revenu élevé, tout en encourageant l’ensemble des Jordaniens à repenser leurs mauvaises habitudes en matière de lavage.

Fers à repasser tourbillonnants, sifflements de vapeur, bruissements de tissu ; cette scène animée se déroule dans toutes les rues de la Jordanie, un pays qui compte un grand nombre de petits magasins de nettoyage à sec. Mais Kamel Almani, directeur général de la startup locale WashyWash, estime que l’industrie doit devenir plus écologique. « Nous voulons débarrasser le nettoyage à sec jordanien des produits chimiques toxiques », dit-il.

Plus précisément, WashyWash a déclaré la guerre au Perc, un solvant liquide utilisé depuis des décennies pour enlever les taches des vêtements. Dès les années 1970, les scientifiques avaient prévenu que le Perc était un polluant atmosphérique toxique. Une exposition prolongée au Perc peut causer des étourdissements, des maux de tête et même le cancer, aussi bien chez les travailleurs du nettoyage à sec que chez leurs clients. Le Perc est également responsable de la contamination de l’air et de l’eau ; à ce propos, l’Agence américaine pour la protection de l’environnement a classé le Perc éliminé comme ‘déchet dangereux’ .

La France a complètement interdit le Perc il y a cinq ans. Kamel affirme que la plupart des nettoyeurs à sec jordaniens utilisent encore ce produit chimique. WashyWash défie cette tendance en offrant des solutions de rechange éco-énergétiques et sans produits toxiques pour faire la lessive. Le produit actuel de WashyWash est EcoClean qui, comme d’autres procédés de ‘nettoyage humide’, ne requière pas de solvants dangereux. Selon Kamel, EcoClean surpasse également le nettoyage à sec standard en rafraîchissant entièrement le tissu plutôt que de se contenter d’éliminer les taches.

Les clients passent leurs commandes WashyWash par le biais d’une application mobile dédiée, qui organise la collecte, le lavage et le retour des vêtements dans les 48 heures. Pour Kamel, cette commodité est cruciale pour l’attrait de WashyWash. « Nous voulons marier les meilleures pratiques de nettoyage avec le meilleur service à la clientèle », dit-il. Si Kamel et ses partenaires réussissent à réduire encore les prix de WashyWash, cette option de blanchisserie sans tracas pourrait bien conquérir les Jordaniens.

Un bon départ :

Jusqu’à présent, le développement de WashyWash a été rapide : l’entreprise répond actuellement à 1000 commandes par mois environ, huit mois seulement après son lancement en février 2018. Kamel attribue ces gains immédiats à plus d’un an de planification, de recherche et de collecte de fonds minutieuses.

Mazen Darwish, directeur des opérations de WashyWash, s’est d’abord intéressé aux effets nocifs du Perc lors de ses études en Suède. Lui et Kamel ont eu l’idée de WashyWash en 2016, quand ils ont découvert une absence préoccupante de réglementation pour les nettoyeurs à sec jordaniens. « Le nettoyage à sec [traditionnel] est une méthode de nettoyage désuète et dangereuse, et il n’est pas contrôlé très efficacement en Jordanie », dit Kamel.

Les deux hommes ‘creusent profondément’ pour connaître toutes les alternatives au Perc. Finalement, ils découvrent un détergent sans produit toxique fabriqué par la société allemande Kreussler, qui servira de base pour le produit EcoClean de WashyWash. Ce produit de nettoyage avait reçu la certification ’Ange Bleu’ en Allemagne pour son respect de l’environnement. Bientôt, deux autres partenaires se joignent au projet : un directeur logistique, Amjad Shahrour, et un directeur technologique, Kayed Al-Qunibi.

Une fois l’analyse de rentabilisation terminée, les quatre partenaires ont cherché un capital de démarrage, ce qui a fini par payer : des investisseurs providentiels locaux apportent un financement de démarrage. Kamel décrit la période qui suit comme le « grand détour de l’apprentissage », ayant eu besoin de maîtriser les exigences techniques d’EcoClean avant le lancement de WashyWash.

WashyWash fait encore intervenir la technologie autrement : en lançant une application mobile et en produisant un site Web très pratique pour proposer des explications sur le produit de l’entreprise. Kamel attribue ces réalisations aux employés de WashyWash – une équipe talentueuse qui a été attirée grâce à des incitations à l’emploi lucratives, comme les options d’achat d’actions.

Avec cette politique, Kamel pense que WashyWash peut remettre en question les pratiques commerciales acceptées en Jordanie. « Fournir des options d’achat d’actions est une initiative audacieuse au Moyen-Orient, parce qu’il est inhabituel pour les employés de devenir copropriétaires d’une entreprise au cours de leur première année », dit-il. « Mais cette approche nous aide à trouver les meilleures compétences en Jordanie ».

Savon et rapidité :

WashyWash n’est pas à l’abri d’un obstacle auquel sont confrontées les entreprises de blanchisserie écologiques du monde entier, à savoir les dépenses supplémentaires. L’EcoClean encourt plus de frais d’exploitation que le nettoyage à sec traditionnel, ce qui, d’après Kamel, fait grimper les prix de WashyWash pour le moment. L’équipe explore des options pour rendre WashyWash plus abordable parce que, selon Kamel, « notre mission et notre vision est de nous positionner également sur le marché des revenus moyens » .

WashyWash peut également avoir du mal à changer les attitudes sociales envers la lessive. « Le nettoyage à sec est une habitude », dit Kamel. « Beaucoup de gens ont l’habitude de faire laver leurs vêtements par le magasin en bas de la rue ». Même parmi les clients établis de WashyWash, il estime que seulement 40% d’entre eux se soucient ‘vraiment’ des pratiques de lavage durables. Les autres viennent à la recherche de meilleurs résultats de nettoyage.

Pourtant, avant même que le lavage écologique ne gagne en popularité en Jordanie, Kamel est convaincu que WashyWash a identifié un marché lucratif en associant la qualité à la commodité. « Nous avons trouvé une pépite d’or », dit-il. Un afflux continu de clients donnerait encore plus d’éclat à cette pépite.

 

Pour en savoir plus sur WashyWash visitez son site Web ou consultez sa page Facebook.

Photos : Avec la permission de WashyWash

Depuis qu'il a obtenu sa maîtrise en Sciences du Moyen-Orient l'année dernière, il travaille comme journaliste pigiste à Accra au Ghana et au Caire en Égypte.
Jordanie : un produit de lessive écologique révolutionne le nettoyage à sec | The Switchers
Traduction : Lilia Bacha
WashyWash Produits de nettoyage & cosmétiques biologiques