11 Août 2020
Oued Zem, Maroc
Efficacité des ressources et gestion durable des déchets

Les pneus font désormais partie intégrante de notre vie quotidienne. Et si « la roue continue de tourner » pour eux, on ne se préoccupe guère de leur impact environnemental. Mais que se passe-t-il lorsqu’ils ne sont plus utilisables ? Naoual Elomari s’est penchée sur le problème et a trouvé comment les transformer en quelque chose d’utile en décryptant le lancement d’une éco-entreprise audacieuse.

Une épaisse fumée noire s’élève dans le ciel, se’étend fortement et dégage une odeur caoutchouteuse des plus désagréables.  C’est cette vision apocalyptique qui a poussé Naoual Elomari à agir.

Avant elle, les pneus brûlaient et déversaient des substances toxiques dans l’air. Pourquoi se débarrasser des pneus en fin de vie en les incinérant, quand on sait les dégâts qu’ils causent : contamination des sols, pollution de l’air, dégradation des paysages, et la liste est longue… ? Pourquoi ne pas apprendre à les réutiliser et à les réintégrer dans la vie quotidienne ?

C’est cette idée qui a inspiré Elomari à lancer son projet vert. Très active dans une association locale de collecte, de tri et de traitement des déchets plastiques, elle a décidé de passer du bénévolat à l’entreprenariat. Son projet s’appelle « PUNR – Recyclage des pneus usagés non utilisés » et se concentre sur les problèmes environnementaux liés aux pneus et leurs solutions. Elomari essaie de sensibiliser les gens au recyclage des pneus et de donner une nouvelle vie aux pneus usagés. Le projet est officiellement enregistré à l’Office de développement et de coopération en tant que coopérative sous le nom de COVAD Pneu (Coopérative de valorisation durable des pneus).

Plus de 256 000 tonnes de pneus sont rejetés dans la nature ou brûlés chaque année au Maroc. Il est donc urgent de s’intéresser à la manière dont nous traitons ces objets quotidiens en fin de vie. Elomari l’a bien compris : les pneus usagés peuvent être réutilisés s’ils sont correctement recyclés et traités. Il s’agit de considérer ces objets comme une ressource, et non comme un fardeau dont on ne sait comment se débarrasser

En analysant les marchés ainsi que les besoins des autres industries, elle a constaté qu’il y avait un besoin de la part du secteur public et du génie civil. Le pneu, via un processus de transformation, peut être recyclé en morceaux de caoutchouc, en granulés ou en poudre, qui sont tous réutilisables. Ces matériaux recyclés sont ensuite utilisés dans la fabrication d’aires de jeux, de pistes d’athlétisme, de sols amortissants, de terrains de sport, de routes, de murs insonorisants et de gazons synthétiques.

L’impact sur l’environnement est ainsi fortement réduit. Les pneus réutilisés ne sont donc pas abandonnés dans la nature ou brûlés. Chacun de ces deux cas a ses conséquences : le pneu n’est pas biodégradable et il contient de nombreux composés chimiques. Laissé dans la nature, il contamine le sol et pollue le paysage. Brûlé, il libère des substances toxiques qui polluent l’atmosphère.

Mais l’initiative d’Elomari n’est pas seulement écologique. Elle a également prêté attention à l’impact économique et social de son projet. « La responsabilité environnementale est un problème, mais ma responsabilité sociale l’est aussi. (…) le passage à une économie circulaire et plus verte nous permet de recycler, et donc de monétiser les déchets, de créer des emplois et, qui plus est, des emplois locaux ».

Elomari a bénéficié du soutien du programme SwitchMed pour lancer son activité. « Heureusement, mon parcours entrepreneurial est devenu plus clair grâce à la formation et à l’accompagnement de SwitchMed, qui m’a permis d’acquérir les connaissances et les outils nécessaires pour transformer les défis environnementaux, sociaux et économiques en création d’entreprise. Cette formation m’a permis de développer un modèle d’éco-entreprise et d’effectuer tous les tests nécessaires pour valider notre business plan.  »

La formation SwitchMed permet aux entrepreneurs de construire leur plan d’affaires vert étape par étape. Elomari a particulièrement apprécié la mobilisation d’experts dans différents domaines pour assurer la crédibilité du projet et les contacts auxquels elle a été présentée. L’expérience a donc été positive pour cette nouvelle éco-entrepreneuse, qui poursuit son combat pour le recyclage des pneus.

Jusqu’à présent, l’expérience de cette éco-entrepreneuse a été très positive et elle poursuit son aventure de recyclage des pneus.

Cet article a été publié à l’origine sur le site web SwitchMed.

PUNR - Recycling of unused used tyres Efficacité des ressources et gestion durable des déchets