07 Mai 2021
Beyrouth, Liban
Mobilité durable

Dans le pire des cas, le trafic de Beyrouth peut conduire le plus doux des citadins au bord du désespoir. L’un de ces citadins, l’affable Néerlandais Jan Willem de Coo, a eu recours à une solution simple : l’humble vélo. Après avoir adopté le deux-roues, M. de Coo a gagné 90 minutes par jour sur son trajet habituel en taxi entre son domicile et son lieu de travail. « Je me suis dit : ça ne peut pas être seulement bon pour moi », se souvient-il en riant.

M. de Coo s’est appuyé sur cette idée brillante pour créer Wave, un service de location de vélos électriques (e-bikes) par abonnement. L’entreprise a investi des années de temps et d’efforts pour faire des vélos électriques une alternative de transport viable à Beyrouth, où beaucoup considèrent la voiture et le taxi comme leur seule option réaliste pour se déplacer. « Nous voulons que les gens voient des vélos électriques et se disent : c’est quelque chose pour moi », explique M. de Coo.

Il y a trois ans, M. de Coo a quitté son emploi dans le domaine du développement à Beyrouth et s’est lancé dans la poursuite d’un rêve ambitieux : promouvoir les vélos électriques comme moyen écologique de contourner les embouteillages chroniques du Liban. Dès le départ, M. de Coo et ses partenaires commerciaux ont décidé que Wave serait un service d’abonnement à long terme, fournissant des vélos électriques aux clients pendant au moins un mois.

Cette caractéristique différencie Wave des services de covoiturage libanais populaires – tels que Loop, une société de location de scooters électriques – qui sont orientés vers des voyages ponctuels irréguliers. « Wave a un objectif différent », déclare M. de Coo. « Nous espérons que les gens utiliseront nos vélos électriques pendant des périodes beaucoup plus longues – par exemple, chaque jour lorsqu’ils se rendent à l’université. »

L’équipe de De Coo n’a négligé aucune piste lors de la création de Wave. À partir de fin 2019, l’entreprise est passée par une phase pilote prolongée, qui a consisté à solliciter les commentaires des clients et à perfectionner un vélo électrique sur mesure, adapté aux routes et aux conditions de circulation de Beyrouth.

Le produit final est impressionnant. Les vélos électriques de Wave sont équipés de pneus suffisamment épais pour supporter les débris de verre et autres, de guidons suffisamment étroits pour se faufiler entre les voitures et de moteurs suffisamment puissants pour gravir les collines les plus redoutables de Beyrouth. Dans le même temps, Wave met l’accent sur la sécurité : chaque abonnement comprend l’assurance et l’entretien, et les cyclistes peuvent suivre des cours de formation pour acquérir les compétences et la confiance nécessaires pour rouler dans le trafic urbain.

 

Au début, Wave a financé la conception et l’achat de sa flotte de vélos électriques grâce aux dons de la famille et des amis de l’équipe, complétés par de petits investisseurs libanais. Alors que le projet prenait de l’ampleur, Wave a reçu une subvention importante du gouvernement néerlandais, ce qui a propulsé l’entreprise vers une ouverture officielle.

Wave a été lancé en mars 2021, attirant une trentaine d’abonnés dès le premier mois. La quasi-totalité de ces clients ont renouvelé leur abonnement, ce qui est de bon augure pour la vision de Wave, qui consiste à mettre en œuvre des changements à long terme dans les habitudes de déplacement des Libanais.

Cette popularité immédiate pose un défi bienvenu à Wave : s’approvisionner en vélos électriques en quantité suffisante pour répondre à la demande des clients. Wave doit importer des pièces de véhicules de l’étranger à un moment où les vélos électriques sont de plus en plus recherchés.

Wave doit également fixer les prix des abonnements avec soin, compte tenu de la crise économique que traverse le Liban. Selon M. de Coo, Wave s’engage à rendre les vélos électriques aussi abordables que possible, mais doit également couvrir les frais généraux associés aux pièces importées. Néanmoins, il estime que les prix actuels représentent une bonne valeur pour les clients.

« Si vous prenez un taxi collectif tous les jours, cela revient au même prix qu’un abonnement Wave, mais sans les avantages pour la santé et l’efficacité d’un vélo électrique », explique M. de Coo

Forte de son succès initial, Wave souhaite maintenant exporter sa vision de l’e-bike au quotidien dans toute la région. Deux pays cibles clés sont l’Égypte et la Turquie, qui possèdent de vastes marchés potentiels pour les déplacements écologiques. Bien entendu, ces différents marchés nécessiteront parfois une planification différente de l’approche libanaise. Au Caire, par exemple, Wave devra peut-être commencer par des banlieues plus calmes avant de s’attaquer aux rues du centre-ville, notoirement agitées.

M. De Coo et son équipe sont prêts à relever tous les défis, qu’ils ont surmontés – et continueront de le faire – à force de persévérance. « Tout le monde veut vous décourager en disant que les Arabes ne font pas de vélo ou que ce n’est pas dans notre culture », raconte M. de Coo. « Mais si vous croyez en l’idée, vous devriez vraiment vous lancer. »

Pour en savoir plus sur Wave, consultez son site web, Facebook et Instagram.

Photos avec l’aimable autorisation de Wave

David Wood is a freelance writer and research based in Beirut. He previously worked in Cairo.David Wood
« Dé-taxi-fication » : une entreprise libanaise préfère les vélos électriques aux taxis pour éviter les embouteillages | The Switchers
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