11 Jan 2016
Le Caire, Égypte
Aliments et agriculture durables, Constructions durables

En arabe, Schaduf désigne un système d’irrigation de l’Égypte antique : un nom tout trouvé pour cette entreprise dédiée à l’installation de murs végétaux et de microfermes. Animé par une volonté de changement social et environnemental, Schaduf végétalise les toits et les murs du Caire, tout en aidant les familles dans le besoin à cultiver leurs propres légumes.

Après une expérience de volontaires dans une ferme en Louisiane, les frères Sherif et Tarek Hosny ont créé en 2011 Schaduf, une entreprise égyptienne dédiée à l’installation de microfermes et de murs végétaux. À l’origine, leur objectif était d’aider les familles pauvres du Caire à générer des revenus en faisant pousser des légumes. Pour cela, Schaduf accompagne les futurs « agriculteurs » dès l’investissement initial (grâce à un système de microcrédits), puis dans l’apprentissage des techniques de la culture hors-sol et la revente des récoltes sur les marchés. En parallèle, l’entreprise réalise des murs végétaux pour des entreprises, des commerces ou des immeubles résidentiels. Une pratique qui s’inscrit pleinement dans une logique environnementale, puisque les murs végétaux permettent d’améliorer la qualité de l’air et l’isolation thermique.

Rencontre avec Tarek Hosny, co-fondateur de Schaduf.

Comment est venue l’idée de créer Schaduf ?

J’ai toujours été très intéressé par les plantes et la nature en général, puis j’ai découvert le système du microcrédit, qui permet aux gens de financer leur propre projet. C’est ainsi que nous avons eu l’idée – avec mon frère Sherif – d’associer ces concepts avec la pratique de l’hydroponie, dont nous avions vu des exemples aux États-Unis et en Europe. En Égypte, nous avons un vrai problème avec l’agriculture, car presque tout le territoire est désertique. Ce type d’agriculture hors-sol est donc parfait pour une ville comme Le Caire, avec toutes ses terrasses vides sur les toits des immeubles. Notre idée était donc de construire des microfermes sur les toits de la ville, pour que les gens puissent faire pousser leurs légumes, mais aussi les revendre pour obtenir des revenus.

Quel type de services proposez-vous ?

Au début, notre projet se concentrait principalement sur les gens ayant un faible revenu, afin de les aider à créer leur propre microferme. Aujourd’hui, nous avons aussi développé des services pour le secteur privé en créant des toits végétalisés pour des entreprises ou des immeubles résidentiels.

Quelle valeur écologique apporte votre projet ?

D’une manière générale, le fait d’intégrer une microferme ou un mur végétal joue un rôle important dans la continuité écologique des villes. D’abord parce que les plantes absorbent les éléments toxiques qui résident dans l’air. La toiture végétalisée est aussi reconnue pour sa capacité d’isolant thermique, ce qui permet de lutter contre le phénomène des îlots de chaleur.

Y a-t-il une dimension sociale dans votre projet ?

Oui, complètement. Les microfermes permettent aux gens de consommer des produits sains, mais c’est aussi un complément de revenus intéressant pour certaines personnes. Aussi, lorsque leur production est supérieure à leur consommation, nous aidons les agriculteurs à revendre leur récolte dans les marchés.

L’entreprise qui végétalise les toits et les murs du Caire | The Switchers

Quelles sont les vertus de la culture hors-sol ?

Pour moi, l’avenir de l’agriculture passe par la culture hors-sol. Il ne faut pas oublier que l’agriculture traditionnelle est la principale cause de déforestation dans le monde. Le froid, la chaleur et le manque de pluie rendent aussi l’agriculture traditionnelle impossible dans un certain nombre de pays. L’agriculture hors-sol est une excellente alternative pour permettre à ces pays d’être autosuffisants. En faisant pousser des légumes sur un toit, on ne génère aucun impact négatif sur la terre.

De quelle manière participez-vous à la prise de conscience de votre communauté sur les enjeux écologiques?

Les égyptiens sont conscients des enjeux écologiques mondiaux, mais ce n’est pas leur priorité. Nous essayons de participer à notre échelle dans la sensibilisation des gens à travers des conférences et des ateliers.

Être rentable tout en créant une valeur écologique et/ou sociale, c’est possible ?

Bien sûr. Ce n’est pas facile, mais c’est possible ! Actuellement, notre équipe est formée d’une vingtaine de personnes. L’important, c’est d’être ouvert sur le monde. Il faut savoir écouter les gens et être flexible dans ses idées.

Schaduf Microfermes et murs végétaux