Lorsque Colette Kahil vivait au Liban en temps de guerre (vers 1979), elle n’avait jamais entendu parler du concept de maisons d’hôtes. Ce n’est que des années plus tard, lorsqu’elle s’installe à Londres pour quelques temps, qu’elle entend parler pour la première fois des gîtes touristiques. Elle en fut enchantée, et a visité autant de gites qu’elle le pouvait.
« Je voyageais dans toute l’Angleterre et je restais dans des chambres d’hôtes, parfois j’allais à Paris », raconte-t-elle. Colette est une artiste qui fait de la mosaïque. « C’est là que je me suis dit : ‘Je vais faire ça au Liban un jour’ ».
Quand elle retourne au Liban, Colette sait qu’elle veut absolument une maison d’hôtes. Ainsi, armée d’à peine une simple idée en tête, elle achète une parcelle de terrain près de Byblos, sur la côte de la Méditerranée. Elle voulait une architecture inspirée par la construction traditionnelle libanaise, avec des chambres et des salons qui se ramifient à partir d’un Iwan central : porche voûté se situant au centre des anciennes maisons méditerranéennes.
« Je collectionnais des antiquités depuis des années, et j’avais besoin d’un endroit pour les ranger », dit Colette. « C’est comme ça que ça s’est passé ».
La naissance de Beit al Batroun :
Colette s’associe à son ami architecte Wadih Chehaybar pour construire une maison spacieuse avec cinq chambres à coucher, une piscine et beaucoup d’espaces ombragés sous les arbres. Elle puise dans sa collection d’antiquités pour trouver les meubles et les œuvres d’art parfaits pour chaque partie de la maison.
« Avant de construire ma maison, je me rendais à Beyrouth où l’on démolissait de vieilles maisons pour construire des gratte-ciel, et j’achetais les vieilles fenêtres et portes de ces maisons », explique-t-elle. « Quand les gens viennent chez moi, ils m’en demandent toujours l’âge, pensant qu’elle a 100 ans. Mais elle est juste construite avec des matériaux recyclés ».
Colette est une artiste de métier, elle crée de belles mosaïques dont elle a accroché une partie dans sa maison d’hôtes. Lors de l’ouverture de la maison en 2013, toutes les chambres ont été réservées pour ce premier été.
En plus d’offrir une enclave paisible à une courte distance de la mer, Colette prépare également des repas pour ses clients.
« Tout ici est fait maison », dit-elle. « Il me faut deux heures pour préparer le petit-déjeuner et mes clients étrangers [découvrent] des plats libanais qu’ils ne connaissent pas ».
Les petits déjeuners maison sont proposés sous la forme d’un appétissant buffet avec des confitures maison, une variété de fromages, des man’ouchés (fines crêpes à l’huile d’olive et au thym), du jus frais, des tomates, des concombres, de la menthe et des olives du jardin. Les restes d’aliments que les clients ne consomment pas sont donnés aux poulets ou transformé en compost.
Beit al Batroun n’est pas seulement une maison meublée et décorée avec des matériaux usagés et recyclés, c’est aussi le témoignage d’un engagement envers l’environnement. La maison d’hôtes pratique l’autosuffisance et l’éco-conscience à travers le compostage, la culture de ses propres produits et l’utilisation de l’énergie solaire.
« Je cultive mes propres herbes, en grande partie : du persil, de la menthe, du basilic et des radis », raconte Colette. « Et aussi des fruits [provenant] des arbres, comme les abricots, les figues, les citrons et les olives. J’aime sentir que je peux contribuer, ne serait-ce qu’un peu, à [préserver] l’environnement ».