28 Nov 2017
Bethlehem, Palestine
Produits de nettoyage et cosmétiques biologiques

Les vertus curatives de la Mer Morte sont reconnues bien au-delà du Moyen-Orient.  On dit que c’est à cet endroit, situé au point le plus bas de la planète, que Cléopâtre et d’autres anciens monarques se procuraient leurs produits de beauté, prenaient des bains, se faisaient des gommages et se prélassaient, dans le sel et la boue marins.

Aujourd’hui, des entreprises de beauté de la région et du monde entier ont fait leur apparition, espérant toutes tirer profit de la valeur économique de la mer. Pour la première fois dans l’histoire, une entreprise palestinienne s’est mêlée à ce groupe, sauf qu’elle espère exploiter les ressources de la région d’une manière plus durable.

Les avantages économiques de la mer Morte :

La Dead Sea Pearls a été créée en 2016 par Nasser Al Khatib et son père, Nader. L’entreprise fabrique une large gamme de produits de beauté et cosmétiques biologiques entièrement naturels, notamment des sels de bain, des masques de boue, des crèmes anti-âge et des savons au sel et à la boue.

Nasser, qui est diplômé en génie civil de l’Université européenne de Chypre, ne savait pas grand-chose sur l’industrie de la beauté et des soins de la peau. Après son diplôme, il a travaillé pendant plusieurs années comme chef de projet avec l’Organisation pour le développement de l’eau et de l’environnement, une ONG palestinienne spécialisée dans le secteur de l’eau et de l’assainissement et dans les questions environnementales.

« Après de nombreuses années passées à réhabiliter le Jourdain et à sauvegarder la Mer Morte, j’ai pensé qu’il était temps de se tourner vers l’économie de la région », dit-il. « Comme nous autres Palestiniens n’avons aucun contrôle direct sur le rivage, j’ai pensé qu’il serait préférable de se concentrer sur le pouvoir thérapeutique de la Mer Morte en termes de perspective sanitaire. Notre objectif est de fournir à nos clients des produits de haute qualité, naturels et biologiques fabriqués en Palestine ».

Préserver la mer Morte :

Regarder la mer Morte à travers un point de vue plus écologique n’avait jamais été aussi important.

La mer – techniquement un lac alimenté par le Jourdain – est en état de ‘siège environnemental’ depuis des années, à cause du détournement des canaux, de la surpopulation le long du fleuve et de l’extraction des ressources naturelles qui pèsent sur la masse d’eau la plus salée du monde. Les scientifiques estiment que le niveau de la mer baisse de plus d’un mètre par an, créant une série de dolines dangereuses – une contradiction ironique pour ce plan d’eau célèbre pour ses propriétés de flottaison.

« Entre 90 et 95 % du débit historique du Jourdain n’atteint pas la mer Morte », explique Nader Al Khatib, cofondateur de Dead Sea Pearls et ingénieur en environnement. « Les efforts en matière d’environnement consistent à appeler les gouvernements de la région à laisser plus d’eau douce s’écouler vers la mer et à demander aux industries minérales d’utiliser des technologies membranaires pour extraire les sels sans faire évaporer l’eau ».

Pour ne pas faire partie du problème, la Dead Sea Pearls s’approvisionne en sel et en boue nécessaires à ses produits de manière durable. L’entreprise s’efforce également de faire évoluer les mentalités en Palestine, où les clients comprennent l’importance d’une consommation responsable, en particulier en ce qui concerne les ressources de la mer Morte.

« Les gens ne savent pas que l’eau du Jourdain est polluée, et ils ne connaissent pas la valeur de ce type de ressources », dit Al Khatib, faisant référence aux bienfaits de la boue et du sel de la mer Morte. « Nous voulons que les gens pensent à la mer Morte d’une manière différente en leur montrant comment on peut tirer profit de l’environnement, mais aussi à quel point l’environnement est important ».

Quelque chose de différent pour la Palestine :

En plus d’apporter de nouvelles valeurs autour de la mer Morte, Nasser Al Khatib et son père ont vu dans l’entreprise une opportunité de faire quelque chose de différent que les ONG locales qui injectent de l’argent en Palestine.

L’entreprise est une source d’indépendance et de fierté pour le père et le fils, mais aussi pour la Palestine en général : après quatre ans d’efforts pour obtenir les licences nécessaires auprès des autorités compétentes en vue d’ouvrir leur petite usine à Bethléem, la Dead Sea Pearls est devenue l’une des premières entreprises autorisées à opérer dans le pays. Les Palestiniens n’ont pas d’accès direct à la mer Morte, et l’extraction de la boue et du sel nécessite une autorisation spécifique des autorités israéliennes. Nasser Al Khatib met en avant la vocation de l’entreprise à relier les Palestiniens aux ressources de la mer Morte : « Nous vous apportons la mer ».

Celui-ci a récemment signé un protocole d’accord avec Nexus, une société palestinienne, pour distribuer ses produits dans le pays. Grâce à ce partenariat, Nasser Al Khatib et Mohammed Obaidallah, fondateur de Nexus, ont participé à un certain nombre d’expositions publiques et de marchés pour vendre les produits la Dead Sea Pearls.

Les produits de la Dead Sea Pearls sont approvisionnés dans plus de 100 magasins en Palestine, notamment les pharmacies, les magasins spécialisés dans la cosmétique et les hôtels. « Nous essayons également de commercialiser nos produits pour montrer que les articles palestiniens peuvent être vendus partout et que la qualité peut être aussi bonne [que celle des autres produits], sinon meilleure », dit Al Khatib. Bien qu’elle soit principalement commercialisée au niveau national, la Dead Sea Pearls a expédié sa première commande internationale en Russie au début de l’année.

La fabrication des produits cosmétiques de la Dead Sea Pearls a également permis la création d’emplois pour huit femmes dans l’usine de Bethléem. En plus de leur salaire mensuel, les femmes reçoivent également un petit pourcentage sur les ventes. « On m’avait dit que ce mode de rémunération était une idée folle, mais je crois qu’il est important de travailler en équipe », explique Nasser Al Khatib.

Pour lui, créer la Dead Sea Pearls était déjà un rêve devenu réalité ; à présent, l’étape suivante est de veiller à ce que les produits de la Dead Sea Pearls fabriqués en Palestine restent un exemple d’innovation, de qualité et de durabilité pour les années à venir.

 

 

Site Web : www.deadseapearls.com

Facebook : www.facebook.com/DSP.Palestine

Photos : Avec la permission de Dead Sea Pearls.

Hilary est journaliste, photographe et créatrice. Elle adore travailler avec les entrepreneurs pour partager leurs histoires et elle le fait partout dans le monde.Hilary Duff
La première entreprise palestinienne de produits cosmétiques entièrement naturels provenant de la mer Morte | The Switchers
Traduction : Lilia Bacha.
Dead Sea Pearls Produits organiques de nettyage & produits Cosmétiques