Au début, Fadwa ne savait pas exactement comment faire de son rêve une réalité, mais elle a fini par rejoindre Enactus tout en fréquentant la Faculté des Sciences et Technologie de Mohammedia. Là, elle a rencontré Amal Kenzari, une autre étudiante, qui a depuis lors obtenu une licence en génie des procédés.
« Nous sommes allées dans les communautés rurales et nous avons interrogé les gens sur leur vie et ce dont ils avaient besoin. Nous voulions savoir comment nous pouvions aider », dit Fadwa, qui en est à sa troisième année d’études en technologie biomédicale. « Nous avons constaté que plus de 20 % des femmes de chaque village étaient des tisserandes expérimentées, mais qu’elles ne pratiquaient pas cette activité. Les gens n’achetaient pas leurs produits, et même quand elles réussissaient à vendre un tapis, cela leur prenait deux semaines, et la tisserande ne gagne pas grand-chose ».
C’est ainsi que les deux étudiantes ont décidé d’aider ces femmes à avoir du travail ; elles fondent alors une entreprise textile appelée IDYR – un mot d’origine berbère qui signifie « vivant ».
Le principe de fonctionnement d’IDYR :
L’objectif d’IDYR est de concevoir et de fabriquer des produits à usage quotidien, qui respectent l’environnement et les conditions sociales des artisanes du Maroc.
L’initiative collecte les déchets auprès des grandes usines de vêtements et de textiles, puis utilise ce surplus de matériaux propres pour fabriquer de beaux produits comme les sacs à main, les tapis, les vêtements, les poufs et les oreillers.
Le recyclage des textiles est devenu crucial pour préserver l’environnement. Nombre d’études ont montré que l’industrie textile a un impact négatif, sur ce dernier, notamment la pollution de l’eau et l’utilisation de produits chimiques toxiques. De plus, la mode dite ‘à consommer’, où les gens achètent des vêtements pour les jeter aussitôt, génère de plus en plus de matières textiles dans les décharges. Concrètement, on consomme 80 milliards de nouveaux vêtements chaque année dans le monde, soit 400% de plus qu’il y a deux décennies.
« Les entreprises textiles ont de très grandes lignes de production et partent d’une seule pièce de tissu pour plus de 2000 pièces », explique Fadwa. « Quand on y découpe des chemises, cela génère des déchets. Quand on découpe des pantalons, cela génère des déchets. Nous récupérons ce surplus de morceaux de tissus et les matériaux dont nous avons besoin pour notre collection et les distribuons aux tisserandes ».
Ces tisserandes peuvent alors travailler depuis chez elles et gagner un revenu qui leur permet de subvenir aux besoins de leur famille. Les produits qu’elles fabriquent s’adressent aux citadins actifs du Maroc, avec un style bohème-chic.
« Nos clients recherchent des produits originaux, confortables et de bonne qualité », explique Fadwa. « [Ce que nous proposons va] des sacs originaux et accessoires de mode aux meubles et éléments décoratifs pour la maison ».