18 Avr 2018
Jerusalem, Israël
Tourisme durable

En contemplant les collines résidentielles autour de Jérusalem, il est facile d’oublier qu’autrefois, des centaines de gazelles sauvages parcouraient ce site, broutant les branches accessibles d’oliviers et de pistachiers. Aujourd’hui, le nombre de ces gazelles a diminué, de même que l’espace vert entourant la ville s’est rétréci.

Il y a cependant des gens qui sont en train de renverser la vapeur et d’écrire une nouvelle page. Parmi les leaders de ce mouvement, il y a Amir Balaban, membre fondateur de la Gazelle Valley Park, et Alena Kacal, directrice de l’Observatoire des oiseaux de Jérusalem (JBO). Ces deux sites font partie de l’Initiative pour la faune urbaine de Jérusalem et repensent la relation de l’homme à la nature. L’initiative nationale est un partenariat dirigé par le ministère de l’Environnement, la Société pour la Protection de la Nature en Israel (SPNI), plus de 45 municipalités et la Beracha Foundation.

Bras de fer entre les entrepreneurs et le parc :

Quand on est assis au milieu de l’herbe dans un champ au parc, entouré de fleurs d’anémone rouges, il est difficile de croire que ce site a failli disparaître. C’était pourtant ce qui était prévu pour la Gazelle Valley en 2000 : un projet de lotissement de 1400 appartements avait été déposé et devait aboutir au déracinement des vergers abandonnés depuis longtemps un peu partout dans la vallée .

« Ce à quoi les promoteurs et la municipalité ne s’attendaient pas, c’est un tel tollé », dit Amir Balaban. « Les gens qui ont mené ce combat vivaient autour de la vallée et venaient ici les samedis matin. Dans le plan directeur original de Jérusalem, [cet endroit] avait été désigné comme un terrain public ouvert. Ce n’est pas une mince affaire de le convertir en lotissement d’habitations ».

Soutenus par la SPNI, la plus grande et la plus ancienne ONG du pays, les membres de la communauté se sont battus et ont fini par gagner. Plutôt que d’attendre que la ville soumette un autre projet, la coalition responsable du soulèvement communautaire prend en charge l’avenir de l’espace vert en question.

« Chaque personne en Israël mérite d’avoir la possibilité de profiter de la nature. Si vous construisez un quartier résidentiel protégé, cela empêche fondamentalement cet amendement », dit Amir Balaban. « Avec le Parc de la Gazelle Valley, c’est la première fois qu’une communauté crée un plan directeur pour un site de faune urbaine à si grande échelle en Israël ». Cet activisme et cet engagement communautaire demeurent aujourd’hui encore une valeur essentielle de l’Initiative pour la faune urbaine de Jérusalem.

En mars 2015, le parc de la Gazelle Valley rouvre ses portes au public comme un site faunique urbain entièrement repensé et renouvelé. En ce qui concerne ces espaces verts, la municipalité est à présent dans le coup. « Le projet de la Gazelle Valley marque la direction dans laquelle nous aimerions faire avancer la ville », dit Nir Barkat, le maire de Jérusalem, dans une brochure pour le parc. La Gazelle Valley est maintenant un parc municipal et fait partie intégrante du réseau des parcs de la ville.

L’Observatoire des oiseaux de Jérusalem :

Avec une superficie de 50 acres (202 343 m2) et 160 000 visiteurs chaque année, le Parc de la Gazelle Valley est le plus grand site faunique urbain de Jérusalem, mais il est loin d’être le seul. En fait, il y a 151 sites verts répartis dans toute la ville.

L’Observatoire des oiseaux de Jérusalem est le plus ancien de ces sites. Longtemps avant la lutte de la communauté pour le maintien du parc de la Gazelle Valley, quelques jeunes ornithologues passionnés l’avaient choisi comme site d’observation d’oiseaux non loin de chez eux .

 

En 1994, cette parcelle de terrain est devenue le JBO, le premier exemple de site faunique urbain de la ville. À flanc de colline, lotis entre le bâtiment de l’Assemblée nationale et un cimetière, des pinsons verts fluorescent gazouillent. De l’autre côté de cet habitat humide créé par l’homme, on entend à peine les bruits de la ville.

Avec seulement 1,5 acres (6 070 m2), le JBO n’est pas très étendu, mais selon sa directrice Alena Kacal, le site sert ‘d’aire de repos’ pour les 500 à 700 millions d’oiseaux migrateurs qui survolent Israël chaque année. Au printemps et à l’automne, le site peut abriter jusqu’à 200 espèces d’oiseaux, un défilé de biodiversité qui attire chaque année des dizaines de groupes scolaires et d’ornithologues.

Dans une région où l’on s’arrache les terrains, Alena Kacal affirme que les sites de faune urbaine comme le JBO offrent un scénario alternatif. « C’est un lieu de connexion avec la nature, et nous sommes tous d’accord pour dire que nous en avons besoin », dit-elle, ajoutant que les 40 volontaires du JBO ont des âges et des convictions politiques très différents. « Nous disons que nous laissons la politique à la porte ».

La sensibilisation du public est un élément clé de la mission du JBO, qui encadre quotidiennement des baguages d’oiseaux et des activités scolaires durant les saisons migratoires en automne et au printemps. L’observatoire organise également un programme pour les élèves du secondaire où ils apprennent la mesure pratique et la science de l’observation. « Si l’on regarde les gens qui font de la recherche sur les oiseaux dans ce pays, [on s’aperçoit que] un pourcentage énorme d’entre eux ont commencé ici », dit Alena Kacal. « Alors, je pense que nous avons réussi à étendre notre mission vers l’extérieur ».

Au cœur des villes, l’appel de la nature :

S’étendre vers l’extérieur est la prochaine étape de l’Initiative pour la faune et la flore urbaine de Jérusalem. « Nous voulons que chaque ville d’Israël ait au moins un site communautaire urbain pour la faune et que celui-ci soit une infrastructure de base dans chaque ville », explique Amir Balaban.

Pour ce faire, l’initiative et la SPNI se lancent dans une étude à grande échelle sur la faune sauvage urbaine en Israël. Les enquêtes dans près de la moitié des villes du pays sont terminées, celles-ci fourniront aux communautés les données quantifiables dont elles ont besoin pour défendre la flore et la faune naturelles à l’intérieur de leurs circonscriptions.

Amir Balaban et Alena Kacal précisent que ces données sont essentielles, et une étude similaire a déjà aidé le JBO à mieux défendre les intérêts de ses pensionnaires ailés. « D’un seul coup, vous avez des chiffres ; et les gens qui rédigent les budgets comprennent les chiffres, les tendances et les graphiques », dit Alena Kacal. « Les données aident aussi à la sensibilisation parce que nous pouvons montrer que le changement climatique affecte les oiseaux et que ce n’est pas de la théorie ou quelque chose qu’on lit dans les livres ».

La valeur immobilière est un autre élément lié à ces données qui est en faveur de la défense des sites fauniques urbains. Amir Balaban a remarqué un curieux changement dans les appartements qui bordent le parc : la direction des balcons est modifiée de sorte à surplomber le parc. « Investissez d’abord dans les habitats sauvages d’une ville, et ça deviendra un investissement dans votre bien immobilier », dit-il.

C’est l’un des objectifs des sites fauniques urbains : créer un endroit où les gens comprennent les avantages financiers et environnementaux d’être près de la nature – un endroit où l’on a l’impression d’être plongé dans la verdure – sans jamais avoir à quitter la ville. Si l’Initiative pour la Faune Urbaine de Jérusalem a fait son chemin, ce sera un jour le cas pour toutes les villes d’Israël.

 

Vous pouvez en apprendre davantage sur l’Initiative pour la faune urbaine de Jérusalem en consultant le site Web de la SPNI, la page Facebook du JBO, et la page Facebook du parc de la Gazelle Valley. La page JBO du portail Israel Birding Portal se trouve ici.

Photos : avec la permission de Hilary Duff.

Hilary est journaliste, photographe et créatrice. Elle adore travailler avec les entrepreneurs pour partager leurs histoires et elle le fait partout dans le monde.Hilary Duff
Grâce aux sites fauniques urbains, les habitants de la ville réapprennent à coexister avec la nature | The Switchers
Traduction : Lilia Bacha
The Jerusalem Urban Wildlife Initiative Tourisme durable