11 Juin 2019
Bejaia,
Textiles et vêtements durables

Vues de l’extérieur, l’Algérie et ses villes sont pleines de mystères fascinants, mais elles sont particulièrement intrigantes pour ceux qui voyagent dans ce pays Nord-Africain. Bejaia par exemple, est une ravissante ville portuaire connue pour son rôle dans la confection de tapis bariolés.  

Anis Ouazane et Nardjes Mokhtari sont à la fois mariés et collègues. Entrepreneurs, ils se sont inspirés de la tradition en matière de confection de tapis colorés, et l’ont transformé en entreprise écologique : à partir de vieux jeans et autres t-shirts, ils fabriquent par exemple des coussins, des couettes et des sacs à main.

L’une de leurs forces motrices : le talent et la créativité de Mokhtari. « J’ai toujours aimé coudre, c’est ma passion depuis l’enfance et à présent j’ai enfin la chance de pouvoir en vivre », raconte-t-elle.

Cette chance, c’est l’Atelier le Printemps, qui recycle des tissues et textiles usages pour en faire des duvets et des draps, les sauvant ainsi de la décharge. « En Algérie, le plus gros défit est de s’approvisionner en tissue de haute qualité. On ne trouve pas beaucoup de modèles sur le marché Algérien, car l’industrie du textile n’est plus ce qu’elle était. La majorité du textile vient de Chine aujourd’hui » explique Ouazane.

Mais les quelques importateurs disponibles ne se soucient pas suffisamment de la qualité, poussant ainsi le couple à produire leurs propres teintures naturelles afin de réduire l’impact des produits chimiques sur l’environnement.

Toujours de manière écologique, ils reproduisent des motifs berbères sur les tissues qu’ils se procurent.

Grâce au soutien de SwitchMed, Ouazane et Mokhtari ont pu suivre des cours d’entraînement qui les ont aidés à renforcer leur modèle d’entreprise basé sur les principes de l’économie circulaire.

Ils ont également participé à des ateliers sur les principes de l’éco-conception et la sérigraphie sur soie. Cela les a aidé à éliminer les déchet chimiques liés aux teintures, à accorder de l’importance à l’adaptabilité des matières premières, et à s’adapter aux tendances du marché.

De plus, ils ont reçu de l’aide pour développer un système d’approvisionnement en matière première  qui améliore leur gestion des déchets, en collectant les chutes et autres matériaux non seulement dans leur propre atelier mais aussi dans d’autres ateliers de textiles, chez des habitants et ailleurs.

A la suite de ces sessions de formation, les opérations de recyclage et de valorisation des déchets d’Atelier le Printemps ont augmenté de 70%, soit 205kg, en l’espace d’un an. « Nous avons créé une collection de 16 nouveaux produits en utilisant des déchets recyclés et de nouvelles techniques de conception écologiques (teintures durables, valorisation des déchets), en nous focalisant sur l’efficacité énergétique et la consommation d’eau. Et nous avons amélioré la qualité des matières premières que nous utilisons, en retirant quatre types de tissus non-durables (plastique, tissus synthétiques comme le lycra, lurex, les étiquettes de vêtement) de notre processus de fabrication, et en nous concentrant sur l’utilisation de coton naturel, de toile de jute (matériaux de sac grossier) et de lin » ajoute Mokhtari. Ils ont également pu embaucher deux employées supplémentaires.

En l’espace d’à peine six mois, leur chiffre d’affaire a augmenté de 30%. Ils ont réussi à organiser neuf ateliers pour les enfants, et prévoient de focaliser leurs futures sessions de formation sur les PME et autres acteurs clé de la région.

Le Ministère de l’Environnement les a aussi invité à présenter leur projet à la toute première Exposition Internationale pour l’Environnement et les Énergies Renouvelables (SIERRA) à Alger.

Lorsqu’on lui demande jusqu’où peuvent ils livrer leurs produits, Ouazane répond « A Alger et à l’étranger ! »

Plus d’informations sur Atelier le Printemps sur leur page Facebook

Atelier Le Printemps Textiles et vêtements durables