28 Sep 2018
Dana, Jordanie
Tourisme durable

Wadi Dana Eco-Camp offre aux touristes un accès vers le beau passé agraire de la Jordanie. Créé par la coopérative locale Dana Co-operative, le camp propose à ses hôtes des randonnées en montagne et dans la vallée, des visites du village et des repas traditionnels dans un cadre respectueux de l’environnement. De telles initiatives sont vitales en Jordanie, compte tenu de la lutte constante du pays contre l’urbanisation galopante et le ralentissement économique qui frappe les communautés rurales. Ces tendances s’accompagnent d’un autre désastre : les espaces verts remarquables de Jordanie se transforment en désert aride.

Le camp lui-même doit constamment faire face à d’importants défis. Les troubles civils au Moyen-Orient ont dissuadé nombre de touristes de visiter la Jordanie ; le camp a pourtant besoin de plus de fonds pour rendre ses pratiques encore plus durables. Mais la beauté naturelle et l’hospitalité de la région avaient séduit beaucoup de gens par le passé, il y a donc lieu d’espérer que cela continue dans le futur.

Des éleveurs et agriculteurs bédouins font découvrir aux visiteurs les pratiques agricoles anciennes et durables dans la campagne autour de Dana : un village pittoresque du 15ème siècle dont les maisons sont construites en pierre, et qui se situe dans les montagnes du sud de la Jordanie. Les voyageurs viennent de Wadi Dana Eco-Camp, une entreprise d’hébergement gérée localement qui vise à préserver deux des ressources les plus délicates de la région : les pâturages verdoyants, et le lien entre cette terre et la communauté locale. Les agriculteurs bédouins jouent un rôle culturel et environnemental vital, reconnu par l’OTAN comme crucial pour l’avenir durable de la Jordanie.

L’environnement et l’agriculture à petite échelle sont menacés en Jordanie. La population du pays a presque doublé au cours de la dernière décennie, en partie à cause de l’afflux massif de réfugiés de Syrie et d’autres pays voisins. Cette croissance urbaine, conjuguée aux ravages du changement climatique responsables de la raréfaction de l’eau, a contribué à une désertification alarmante. Des rapports indiquent que la Jordanie a perdu 70% de ses pâturages au cours des trois dernières décennies, mettant en péril la sécurité alimentaire à long terme du pays. En même temps, la pression économique a poussé les gens à migrer vers les grandes villes en quête de travail, privant ainsi l’agriculture rurale de sa main-d’œuvre.

Wadi Dana Eco-Camp contribue à contrecarrer ces tendances en attirant des touristes dans le sud de la Jordanie, ce qui garantit des fonds pour fournir une source locale d’emplois dans l’hôtellerie et l’agriculture. « Nous considérons l’écotourisme comme un substitut aux opportunités d’emploi perdues », déclare Khalid Khawaldeh, directeur du développement durable de la coopérative Dana. Le camp cherche à donner l’exemple en améliorant continuellement ses pratiques écologiques et en sensibilisant les invités à l’importance de l’environnementalisme.

Les visiteurs commencent à venir à Wadi Dana, séduits par les perspectives de détente que leur offrent les randonnées sinueuses en montagne, les repas étoilés du soir et l’hospitalité légendaire des Bédouins. Aujourd’hui, les responsables du camp veulent attirer plus d’invités et générer suffisamment de revenus pour rendre leurs pratiques encore plus respectueuses de l’environnement.

Maintenir la région en vie :

L’éco-camp de Wadi Dana est né de la coopérative communautaire locale de Dana et Qadisiyah, créée en 1994 pour préserver le mode de vie social, environnemental et économique de la région. La Coopérative a lancé le camp en 2014 sous la forme d’une coentreprise avec un groupe d’agriculteurs bédouins locaux.

Aujourd’hui, le camp offre six chalets et treize tentes, ainsi qu’une gamme d’options de repas, de visites du village et de randonnées guidées. Ces promenades sont une carte de visite particulièrement impressionnante pour le camp, qui est perché sur une montagne surplombant la spectaculaire réserve naturelle de Wadi Dana.

Les hôtes bénéficient d’un mode de vie simple pendant leur séjour, avec un accès limité à l’électricité et au confort moderne associé. Cela a été un argument de vente important pour des étrangers comme Lorraine Walker, une ressortissante britannique qui travaille comme volontaire à plein temps pour la Coopérative Dana. Lorraine Walker explique qu’elle a été attirée par la beauté naturelle et la tranquillité de Dana et par le mode de vie traditionnel de la population locale, qu’elle voulait aider à préserver pour les générations à venir.

Khalid Khawaldeh trouve que le camp profite à la communauté à plusieurs niveaux ; non seulement il emploie des assistants, des chauffeurs et des guides de randonnée, mais il crée aussi un marché pour les producteurs alimentaires locaux. « Nous nous approvisionnons en ingrédients locaux, ce qui rapporte de l’argent dans notre région, mais aide aussi à faire vivre nos traditions culinaires », dit-il. De cette façon, l’éco-camp atténue le départ des jeunes de la campagne à la recherche d’opportunités économiques.

Pour Khalid Khawaldeh, le fait que les habitants locaux s’unissent donne encore plus de poids à la région sur le plan culturel. « L’un des principaux objectifs de la coopérative Dana est de continuer à gérer les terres comme nous l’avons fait pendant des siècles », dit-il. « Nous voulons maintenir le lien entre les gens et leur terre ».

 

Encore plus verts :

Khalid Khawaldeh rapporte que l’éco-camp de Wadi Dana couvre maintenant ses coûts annuels, et a même généré des profits cette saison. Cependant, il reste confronté à un défi commun aux entreprises touristiques du Moyen-Orient : l’instabilité politique persistante qui a chassé les étrangers de la région. « Quand nous avons lancé le camp en 2014, le tourisme était en baisse à cause de [la guerre en] Syrie », explique-t-il. « On est probablement arrivés au mauvais moment ».

Le camp a réagi en faisant du marketing auprès des visiteurs jordaniens (citoyens jordaniens et résidents étrangers), qui reconnaissent la sécurité régnant dans certains endroits comme Wadi Dana malgré des problèmes régionaux plus vastes. « Nous espérons que cela nous mettra à l’abri de la récession internationale », dit Khalid Khawaldeh.

Il existe une deuxième priorité plus près de chez nous : la mise à niveau des compétences environnementales du camp. Khalid Khawaldeh estime que Wadi Dana a des possibilités d’amélioration à cet égard, allant de l’utilisation de véhicules qui consomment moins de carburant jusqu’à l’adoption de sources d’énergie durables. Cette dernière opération a déjà commencé, le camp ayant récemment installé des panneaux solaires. Un camp encore plus vert prendra de l’ampleur à mesure qu’un plus grand nombre de touristes viendront s’y installer, apportant les moyens de financer d’autres rénovations.

S’il y a une chose qui n’inquiète pas la coopérative Dana, c’est le service qu’elle offre. Khalid Khawaldeh a grandi avec la vue imprenable et captivante sur les montagnes, et la même vue a séduit Lorraine Walker des années plus tard. Ni l’un(e) ni l’autre n’a pu repartir. La même fascination s’appliquera probablement aux futurs visiteurs.

 

 

Pour en savoir plus sur Wadi Dana Eco-Camp consultez sa page Facebook.

Photos : Avec la permission de Wadi Dana Eco-Camp

Depuis qu'il a obtenu sa maîtrise en études du Moyen-Orient l'année dernière, il travaille comme journaliste pigiste à Accra au Ghana et au Caire en Égypte.David Wood
La vue sur les montagnes et l’agriculture durable attirent les touristes vers le sud de la Jordanie | The Switchers
Traduction : Lilia Bacha.
Wadi Dana Eco-Camp Tourisme durable